La forêt brûle lentement. Les flammes sont en train de gagnerprogressivement la ville. Les rues sont encore désertes mais l’air de l’été est toujours aussi étouffant. Je marche au milieu de la route. Il n’y a personne. Je vois les voitures qui ont été renversées, les camions qui ont été éventrés et les cadavres qui jonchent sur le trottoir, ici ou là. Un petit air se répand au cœur de la cité. J’écrase de nombreux morceaux de verre au cours de mon périple et j’ai un peu de mal à respirer. Les vitres des magasins ont été défoncées. Des ordinateurs ont été volés avant de s’écraser sur le bitume quelques mètres plus loin. Je me demande où sont les autres êtres humains. Par endroit la nature semble reprendre ses droits. Un grand cerf vient de traverser la route. Il s’est arrêté devant moi pour me regarder avec ses grands yeux …
Mon téléphone portable ne fonctionne plus. Cela fait longtemps que plus un seul serveur ne répond sur les réseaux informatiques. J’ai retrouvé un vieille radio mais je ne capte qu’un long bourdonnement strident et distordu. Je crois que je viens d’atteindre une sorte de point de non-retour. J’écoute le bruit de mes pas qui résonnent en remontant ce tunnel qui mène jusqu’aux égouts. Je me rappelle des premières émeutes. Ce jour là, il valait mieux rester caché. En quittant la ville je trouve un vieille guitare acoustique sous les décombres. Elle sera ma seule compagne pendant tout mon périple. Je me souviens juste de trois accords mais c’est suffisant pour recréer toutes formes possibles de musique. Je marche dans les gravas depuis déjà trois heures. Arrivé en haut du pic désertique que forme la montagne, je regarde la ville qui finit de brûler …
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Mathieu