Cela fait déjà cinq jours que je ne marche plus. Je traine sur le toit d’un vieil immeuble qui date des années cinquante. On a installé un vieux hangar en taules ondulées, on y trouve un vieux matelas pour que je puisse dormir et j’ai tendu plusieurs fils sur lesquels j’ai accroché une dizaine de partitions avec des pinces à linge. Le flight-case de ma guitare acoustique est posé dans le coin de la pièce et je joue quelques phrases de finger-picking pour rompre avec le silence et l’ennui. Les feuilles accrochées tremblent sous le vent qui souffle toujours par ici. L’encre disparaît progressivement sous l’action du soleil. J’ai réglé la guitare sur un accordage ouvert, un open de do, puis j’ai trituré les clefs jusqu’à trouver un son qui me plaise. Il suffit d’un accord au hasard pour commencer de jouer.

J’ai voyagé de ville en ville avec ma guitare sous le bras avant de m’installer sur le toit. Cette errance se terminera un jour quand je retrouverai une connexion internet. C’est la discipline qui me garde là. Un peu de repos. Une respiration plus posée. J’ai enfin trouvé le fil. Je trace une improvisation à la guitare et mon poignet me tire. Encore une mélodie perdue car elle ne sera bien évidemment pas enregistrée. Le jour vient de se coucher et ma seule source de lumière provient de la pleine lune qui brille un peu plus fortement ce soir. Une phrase poétique m’est venue mais je l’ai déjà oubliée. Comment s’appelle le titre de cette chanson déjà ?

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Mathieu