Le disque du dimanche : Black One de Sunn O)))


C’est sans doute la foule bondée de la ligne 1, direction buy veterinary prednisone la Défense, à une heure où tout le monde part au bureau, qui me fit changer ainsi d’attitude. Serré, entre deux wagons, je décidais, non sans une certaine crainte, de rompre avec cette ambiance de cadres disciplinés en cherchant quelque chose d’assez radical sur mon IPod. Scrollant parmi les titres des albums, mon choix s’arrêta sur “Black One” de buy priligy generic Sunn O))). Après une courte hésitation, me demandant alors dans quelles contrées j’allais me retrouver, je cliquais sur le bouton « play », zappant violemment le morceau légèrement funkoïde sensé me motiver pour la journée.

C’est alors que dans le métro, seul au milieu de la foule, coincé dans cet espace déshumanisé, où les gens se marrent de leur dernière transaction financière, s’éclatent à lire des fichiers powerpoint pleins de courbes de tendances, se distraient en lisant l’équipe ; perdu dans cet espace aliénant, cette foire aux atrocités, je me mis enfin à éprouver quelque chose. Car dès les premières nappes saturées de Sin Nanna c’est la peur qui m’empare. La vrai peur, celle qui vient des temps anciens, celle qui nous poussait à nous cacher au fond de la grotte il y a des milliers d’années, celle que touche du doigt David Lynch lorsqu’il filme une forêt la nuit dans “Twin Peaks”. Enfin il se passait quelque chose, car je commençais à flipper ! Le métro s’approchait rapidement vers la Défense, une atmosphère vaguement verdâtre commençait à remplir la rame dans laquelle je me trouvais, les gens avaient alors l’air plus blafard que d’habitude, le crissement des pneus sur la voie se mêlait avec les distorsions bruitistes de It Took The Night To Believe.

Le métro s’arrêta, je sorti rapidement, une rumeur grondait, le gens couraient alors encore plus vite que d’habitude, dans tous les sens. Je décidais alors d’en faire autant. Dehors, aucune lumière du jour, c’est la nuit noire, je suis face à la Grande Arche de la Défense, j’entends une sorte de tonnerre, non c’est une horde de moines, situés sous l’Arche, ils ont des guitares qu’ils font gronder à toute berzingue par le biais d’un mur d’amplis géants. Je me tiens les oreilles dans les mains, je me sens tellement écrasé par tout ce bruit qui me prend aux tripes, que je finis par tomber à genou face à la Grande Arche, où un moine attrape un micro et psalmodie je ne sais quelle incantation, tout juste ai-je le temps d’entendre un « Ph’nglui mglw’nafh C’thulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn ». Le sol s’effrite alors autour de moi, tout commence à s’écrouler de partout, je hurle que bon dieu c’est la fin du monde …

Et puis quelqu’un me bouscule sur le parvis. 9h30, il fait jour, les gens vont dans leur bureau, il faut aller travailler, merde, non quand même pas après ce qu’il vient de se passer. Je retourne alors fissa chez moi, j’allume ma chaine, y enfourne “Black One”, j’attrape un instrument qui résonne bien, ma vieille basse, et j’y branche une grosse fuzz. Je mets le volume à fond, autant pour ma chaine que mon ampli, et je commence à plaquer de gros accords sur ma basse, puis laisse trembler le bruit saturé que j’arrive à jouer en même temps que le disque que j’écoute. Les murs de mon appartement se mettent à trembler, ma voisine du dessous, qui essayait de faire ses gammes au piano, pour jouer des morceaux de soul débile, genre Ophélie Winter, dans le but de passer à la Nouvelle Star, se met à râler, à taper contre ma porte, en hurlant qu’il faut que j’arrête tout de suite. Qu’elle aille se faire voir, je suis tellement bien au milieu de tout ce bruit qui m’enveloppe, que je sens à peine la douleur qui se propage dans mes mains, fatiguées de tenir les grosses cordes métalliques de mon instrument.

Au bout d’un moment, je reprends mes esprits, seul au milieu de mon appartement, ma basse continuant de cracher seule de la distorsion par effet de résonnance. La porte s’ouvre, ma femme et ma fille reviennent de l’école.

– “T’es là” ;

– “Ouais j’ai pris ma journée” ;

– “C’est quoi ce bruit” ;

– “C’est Black One de Sunn O)))” ;

– “Papa, arrêtes la musique” ;

– “D’accord voilà ton Tchoupi, après tu manges et tu iras te laver”.

Demain, il y aura peut être autre chose dans mon IPod, mais je continuerai à vivre à jamais dans ce sentiment d’émerveillement et de gloire bruitiste. Et si demain je m’écoutais At Action Park de Shellac

Par Mathieu

5 thoughts on “Le disque du dimanche : Black One de Sunn O)))

  1. Et bien je dois t’avouer que je ne déteste pas. Bon alors bien entendu je n’ai pas encore bien capté l’intérêt sonnore et mélodique (s’il y en a un) mais je n’ai pas détesté la vidéo (je n’ai pas pu la voir jusqu’au bout, les grillades étaient prêtes tu comprends…^^).

    Par contre pour rebondir sur la fin de ton article, j’adoooore cet album de Shellac.

    1. En fait, je trouve que l’intérêt n’est pas mélodique, mais dans l’expérience de l’écoute. Sunn O))) utilise des nappes de guitares saturées comme un Terry Riley utilise des nappes ambiantes de synthés. Après c’est comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas trop en abusées, mais de temps en temps Sunn O))) ça fait du bien …

      Par contre le dernier Sunn O))) est plus décevant que Black One qui avait des ambiances vraiment effrayantes, tandis que leur dernier album reste trop centré sur du bruit saturé, et est un peu plus chiant …

      Ah sinon ce Shellac est effectivement formidable, j’écrirais sûrement un billet dessus …

      Bon barbecue …

    1. Pour Monolith and dimensions j’ai changé d’avis depuis. Ce disque réclame du temps et de la patience, et je croulais sur les chroniques en retard la première fois que je l’ai écouté. Je l’ai laissé de côté un moment, avant de trouver un moment pour me replonger dedans. Et là maintenant je trouve ce disque fabuleux !

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