Chasse aux vinyles : Episode 5

Avant de partir m’installer sur Paris pour finir mes études et avoir un boulot comme tout le monde, j’ai grandi tranquillement à Lyon. Mes parents y sont restés, et il m’arrive souvent de les revoir là-bas, c’est souvent l’occasion de me lancer dans quelques promenades nostalgiques, et parfois j’y trouve un peu par hasard des disquaires plutôt bons. Récit de ces découvertes sous la forme d’une ballade dans les rues de Lyon.

C’était un bel après-midi, le 26 décembre 2009, une accalmie solitaire commençait à se dessiner au cours de ces vacances en famille, je décidais donc de partir pour la Croix-Rousse. Après avoir pris une bouffée d’oxygène (pollué) près du Gros Caillou, je commençais de descendre les escaliers de la Montée de la Grande Côte. Une impression d’un léger microcosme, d’être un peu à part du reste de la ville, se mélangeait avec le léger soleil et le froid sec, et puis je tombais sur la boutique du Kpandu Grand Guignol. A la fois libraire et disquaire, on trouve chez le Grand Guignol tout un tas de choses que l’on pourrait qualifier d’underground, du punk, du noise, de l’impro, du dark. Pour ma part je repartais avec where can i buy stromectol ivermectin Faux Amis, un disque d’improvisation où collaborent Helhesten, Chora, Motherfucking et François Virot, le tout enregistré au Grrrnd Zero, le « Macadam Massacre » des Béruriers Noirs, et le « Paranoia In Hi-Fi » de Nurse With Wound, mais ce dernier ça ne compte pas c’est un CD que je vais d’ailleurs bientôt chroniquer plus en longueur. Le Bérus reste un grand moment de nostalgie, je découvrais ce groupe vers 16 ans, en internat où mon colloc était un punk plutôt versé dans le rock alternatif (Ludwig Von 88, Garçons Bouchers, etc …).  Il y a aussi tout un tas de livres, du JG Ballard, la plupart des BD de l’Association, du Charles Burns, bref je pourrais y rester des heures.

( ♫ ) Bérurier Noir – Macadame Massacre

En descendant vers la Martinière, rue Thimonnier, je tombe sur Dangerhouse, disquaire punk et rock. En cherchant bien dans les bacs j’y déniche du hardcore américains, du rock garage, des yéyés, de la pop sixties, et du krautrock. Au milieu de ce temple de la fuzz, je me décidais pour un « soundtracks » de Can, plutôt en bon état. Je repère aussi plusieurs disques de Bästard, Zëro et Deiti Gun, bref tout ce qui tourne autour d’Eric Aldéa, musiciens Lyonnais plutôt noise et rock, qui a collaboré avec Sonic Youth, et que j’affectionne particulièrement. Mon porte-monnaie commençant à présenter quelques signes de fatigues en cette période de Noël, je me décidais malgré tout de partir vite fait avant de finir ruiné …

Mais avant de rentrer, il me reste encore un peu de monnaie pour passer chez Sofa Musique, qui est situé près du Quai St-Vincent. Je rentre dans la boutique et déjà les guitares de Guy Piccioto et d’Efrim Menuck m’assaillent les oreilles, le disquaire était en train de passer « North Star Deserter » de Vic Chesnutt. La veille j’avais entendu parler des rumeurs de suicide de Vic Chesnutt, mais je ne voulais pas y croire, qu’il était dans le coma et qu’il allait s’en sortir (je suis encore jeune et optimiste …). Je discute un peu avec le vendeur, et il me dit que Vic Chesnutt est bel et bien mort. Merde alors, avec un gros coup sur la tête, je regarde les disques un peu par automatisme, comme un geste pavlovien. Mais voilà que je tombe sur un « Trouble Is A Lonesome Town » de Lee Hazlewood, une réédition introuvable sortie sur Smell Like Record le label de Sonic Youth. J’écoute le disque dans la boutique, et rien ne pouvait d’arriver de mieux pour me remonter le moral. Ce premier album en solo de Lee Hazlewood est un chef d’œuvre de country-blues-folk, où le compositeur commence chaque morceau en racontant un bout d’une histoire de cowboy, la guitare acoustique et l’harmonica soutiennent la voix impériale de Lee, entre Johnny Cash et le générique de l’Homme qui Tombe à Pic avec Lee Majors. Ce disque nonchalant, débonnaire est un pur chef d’œuvre, un truc indispensable, juste énorme. Je repartais dans un meilleur, d’autant plus que je m’étais dégotté aussi « Under a Billion Suns » de Mudhoney, grand groupe de rock encore en activité, c’est suffisamment rare pour être signalé. Je terminais donc mon tour de Lyon à pied, tranquillement, tout en repensant à Vic Chesnutt qui venait de nous quitter …

( ♫ ) Lee Hazlewood – Trouble Is A Lonesome Town

Par Mathieu

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