Les cris avaient repris de plus belle. Ca venait de la cave, on les entendait par moment, même si le son qui provenait de la télé avait tendance à couvrir les appels à l’aide de la jeune femme. Il était avachi sur le canapé, devant la télévision, posée là, en plein milieu du salon. Le désordre régnait dans la pièce, il y avait de la poussière, quelques bouteilles de bière vides et puis aussi des vêtements qui s’entassaient par endroit. Il a attrapé une vieille VHS, qu’il introduisit dans le magnétoscope. C’était un vieux Giallo mal doublé en français. Le clavier de la bande-son se voulait flippant. Pour le moment ça le détend …
On entend une boîte à rythme primaire – sûrement une Akademicheskoe Roland TR-505 – pendant le meurtre filmé en caméra subjective. Ca lui rappelait quand ils se sont occupés du VRP en costard qui accompagnait la fille. Contrairement à la fille, ils ne lui ont pas laissé beaucoup de chance de survie. Après avoir joué du couteau avec le VRP pendant quelques heures, il l’on pendu par les pieds au branche d’un arbre, dans la forêt, celle qui passe à côté de l’autoroute, l’A31 qui relie Metz à Nancy. Ils avaient fini par saigner le VRP comme un cochon. Le lendemain, le sang avait séché sur les feuilles mortes. Il faisait froid dans le coin, à cette période de l’année.
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A un moment du film, un couple est en train de faire l’amour. L’image saute, la VHS n’est pas de très bonne qualité, même si on entend toujours bien la musique, répétitive à souhait. Dans la chambre on peut voir des cadavres de bouteille de vin qui trainent sous le lit, défait, les draps sont sales. Il y a des vieux numéros de Mad Movies et Impact (ceux avec la pin-up topless) qui trainent par terre. Il y a une bibliothèque dans un coin de la pièce, où l’on peut découvrir une collection quasi-complète du magazine Union. On y trouve aussi l’objet le mieux entretenu de la maison, un rasoir à lame précieusement rangé dans son écrin.
Ca y est, le film est terminé, le coupable a été démasqué. Le whodunit est un peu grotesque et gore. C’est le générique de fin, les claviers sont toujours aussi effrayants et les rythmiques en deviennent presque hypnotiques. Le magnétoscope s’est arrêté. Il s’est levé doucement. Il est allé chercher un masque dans une autre pièce de la maison. Il tenait le rasoir à lame dans sa main gantée. Il est temps d’aller voir ce que devient l’emmurée vivante. Il a descendu lourdement les escaliers pour se rendre à la cave. Les cris avaient repris de plus belle.
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Par Mathieu