The Flaming Lips – Embryonic


Un jour, on aimerait bien aller dans la bulle transparente que Āsbe Teferī Wayne Coyne utilise pour se déplacer sur le public, lors des concerts des repellingly Flaming Lips. Alors que l’on se préparait à écouter leur dernier album, “Embryonic”, armé d’un fusil de confettis, on commence à sentir dès les premières notes de Convinced Of The Hex que derrière cette image fun le groupe n’a pas toujours été aussi über-cool. Mené par un Wayne Coyne mi-icône rock branché mi-gourou barbu ; Punk  psychédélique à leur début, expérimental sur “Zaireeka”, les Flaming Lips joue une pop radieuse qui cache une certaine forme de névroses depuis “The Soft Bulletin”. Après leur film “Christmas On Mars” et le rock post-moderne de “At War With the Mystics”, ils reviennent avec un double album assez copieux.

“Embryonic” ne se laisse pas aussi facilement apprivoiser que “At War With The Mystics”, il est beaucoup moins fou-fou et immédiat que le rock déphasé de leur tube Yeah Yeah Yeah Song. Des bidouillages guitaristiques et le chant paranoïaque de Wayne Coyne viennent ouvrir ce disque qui navigue calmement sur de longues plages psychédéliques, où l’on sent que la production de Dave Fridmann a permis au groupe de se resserrer dans un format plus live, évitant ainsi au Flaming Lips de se perdre dans des effets psychotropes parfois inutiles. On y entend du rock très seventies : la section rythmique est puissante, les riffs de basse sont heavy (comme sur See The Leaves), les guitares assez torturées, et de temps en temps quelques claviers ambiants viennent calmer le jeu, comme sur le superbe Evi. Toute cette exigence fait plaisir à entendre, et permet au groupe de dépasser “At War With The Mystics”, sur lequel on sentait venir quelques limites à force de trop de citations.

Tout au long de “Embryonic”, Wayne Coyne chante de longues mélopées existentielles et métaphysiques, tel un Syd Barrett qui aurait arrêté les acides et serait sorti de sa bulle tout en restant un peu malade dans sa tête. Ce disque permet donc à Coyne de nous livrer ses textes les plus sombres, l’impact est d’autant plus fort qu’ils sont moins cachés sous de nombreux effets psychédéliques. Mais si les textes et la production sont à tomber par terre, le disque souffre parfois d’une certaine longueur, en général j’ai tendance à décrocher sur le deuxième tiers des doubles albums, et “Embryonic” n’échappe pas à cette habitude. Sur la deuxième partie, après avoir entendu plusieurs fois les introductions hallucinées du groupe, on se dit que le disque aurait pu y gagner sans y perdre de sa force si quelques titres avaient été supprimés.

Malgré cette longueur, le dernier Flaming Lips demeure un grand disque de pop psychotique et malade, l’occasion d’y entendre Karen O faire les chœurs sur Gemini Syringes ainsi que I Can Be A Frog et aussi MGMT accompagner la lourde basse fuzz du génial Worm Mountain. Le grand truc un peu étrange, schizophrénique et bipolaire que j’attendais pour cette fin d’année. Et comme ce disque me rappelle parfois “The Soft Bulletin”, je vous propose un live plutôt réussi de Waiting For A Superman.

Par Mathieu

Chronique publié de façon légèrement différente sur Indiepoprock.net

6 thoughts on “The Flaming Lips – Embryonic

  1. Merci pour cette chronique je suis en train d’écouter le disque pour la deuxième fois. Il est clairement moins accessible que d’autres et moins “pop”. Je pense notamment à Yoshimi Battles the Pink Robots que j’avais bien aimé. Mais je connais trop mal leur discographie pour vraiment faire une analyse de la place de Embryonic 🙂

    1. Pas de quoi 😉

      Ce disque est effectivement plus sombre et tordu que Yoshimi Battles the Pink Robots qui s’inscrit bien entre Soft Bulletin et At War With The Mystics.

      Par contre, le début de leur discographie est plus punk, comme Oh My Gawd!!!, et ils ont toujours su garder un côté psychédélique, ce sont de grands fans des Pink Floyd !

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