Je me souviens, j’étais au lycée, un soir j’avais entendu Frank Black chez Lenoir lors d’une ultime Black Session. J’avais trouvé ce live tellement merveilleux que j’avais oublié de l’enregistrer sur une cassette, me retrouvant à attendre qu’il soit un jour rediffusé. A la place, Lenoir parlait d’autres groupes du moment, comme les Breeders, le groupe des sœurs Deal, dont l’une était la célèbre bassiste des Pixies avec Frank Black, et qui avait signé un tube gigantesque avec Cannonball. Sur ce titre, et comme sur beaucoup d’autres des Breeders, on y entend une ligne de basse, simple et claquante, jouée par Josephine Wiggs. Après les deux premiers albums des Breeders, Josephine quitte le groupe, et enregistre un album solo « Bon Bon Lifestyle », qui se révèle être un grand chef d’œuvre oublié, rempli de compositions qui font écho avec celles de pleins d’autres groupes que l’on peut entendre en 1996.
Je me rappelle même avoir lu une chronique des plus élogieuses dans les Inrockuptibles, à l’époque fraichement hebdomadaire, qui m’avait fortement donné envie d’écouter le disque, que je n’ai jamais trouvé chez mon disquaire Lyonnais. L’album est depuis tombé aux oubliettes, le temps à fait son chemin avant que je ne retrouve finalement ce « Bon Bon Lifestyle » en vinyle chez Parallèle. Alors comment ça sonne un disque de 1996 en 2010 ? Plutôt bien, j’y retrouve de nombreuses sonorités de l’époque, à commencer par les lignes de basse plutôt efficaces de Josephine Wiggs, jouées au médiateur, comme chez les Breeders, ou comme Kim Deal quand elle était chez les Pixies …
Mais ce qui frappe surtout c’est la voix absoluement touchante et languissante de Josephine Wiggs, douce, un peu en retrait, souvent chuchottée, récitant des textes plutôt personnels, parfois en lorgnant sur le timbre de l’exquise Laetitia Sadier. Elle y joue d’à peu près tous les instruments, beaucoup de guitares avec des petits riffs efficaces, ou quelques accords joués en acoustique, on y retrouve même cette bonne vieille alternance de passages calmes et enervés – marque de fabrique du rock indés 90’s – sur l’énorme Head To Toe que je ne me lasse pas d’écouter. On y entend aussi pas mal de passages instrumentaux, légèrement nonchalants, comme sur le très décontracté Downcard Facing Dog ou le conclusif Trieste Reprise. Aidée par Jon Mattock à la batterie, Josephine Wiggs avait réalisé là un premier grand disque en solo, hélas laissé sans suite, le condamnant ainsi à l’oubli …
Depuis, les Breeders se sont reformés, et ont sorti un disque, « Mountain Battles », contrairement au Pixies. Il paraît même que Josephine Wiggs y rejoue de la basse, mais difficile d’imaginer une suite à ce « Bon Bon Lifestyle ».
( ♫ ) The Josephine Wiggs Experience – Head To Toe
Par Mathieu
Voilà bien un disque que je ne connaissais absolument pas, merci pour le post super intéressant, ça donne envie d’aller un peu plus loin que le Cannonball et son célèbre “toudoudou doudoudou”
Merci Mathieu! Très bon titre, belle (re)découverte
Content que cette découverte vous plaise ! 🙂
Autour des Breeders et des Pixies, je crois que l’une des soeurs Deal a fait un album en solo qui n’était pas terrible terrible. Sinon, il y a les Throwing Muses, qui sont pas mal du tout, avec Tania Donnelly qui a joué de la guitare pour le premier Breeders, Pod.
mais ce live de Frank Black n’est il pas sorti ensuite en CD avec notamment la “Jacques Tati’s dance” ??
(j’ai encore la K7 de la Black Session si ça t’interesses 🙂 )
J’avais acheté le CD quand il est sorti. Il contient effectivement l’immense “The Jacques Tati”. J’ai prévu aussi d’en parler un jour 😉 …
Grand Fan de Pixies et surtout de Last splatch des Breeders, je connaissais absolument pas. Merci beaucoup pour la découverte !