La musique de Bitchin Bajas hypnotise jusqu’à infuser quelques vapeurs aux vertus étrangement thérapeutiques. Elle s’étire avec de longues phrases de synthétiseurs, des basses répétitives qui finissent par former une douce rythmique et de lentes modulations que l’on imagine sorties d’un immense clavier modulaire. Le trio enregistre sans relâche, caché quelque part à Chicago, et perfectionne encore plus ses compositions pour nous livrer un mur du son totalement narcotique. Un bourdonnement qui vous détache de l’agitation environnante et me rappelle soudainement que j’ai découvert ce groupe il y a presque cinq ans, assurant la première partie de White Hills lors d’un concert au Glazart. Un signe, probablement.
Le trio joue aussi avec quelques instruments traditionnels, des flûtes, des carillons, des tambours et probablement des bols chantants. Il me semble même reconnaître une guitare électrique sur Yonaguni, qui part doucement vers une sorte de proto-jazz cosmique dont les vapeurs psychédéliques ont une exquise douceur. La musique de Bitchin Bajas ressemble à un long voyage intérieur, une belle méditation où, après plusieurs heures d’écoute, on se retrouve au sommet d’une montagne, c’est le petit matin, on entend aussi le son des petits instruments percussifs, un gong et des cloches. On regarde éberlué les grands mandalas qui se dessinent dans le ciel devant nous.
Mathieu