J’écoute le dernier album d’Israel Nash depuis quelques jours et je serais bien allé tranquillement me promener du côté de Laurel Canyon et cela même si les utopies des années 60 sont maintenant bien loin derrière nous. Il y a d’ailleurs dans les accords de guitare acoustique et les vocalises assez hautes perchées d’Israel Nash quelques choses qui m’évoque immédiatement des images déformées de cette époque. Déformées car je n’ai pas vécu ça directement, uniquement par procuration grâce au nombre incalculable de livres ou de films qu’il existe sur ce sujet. D’ailleurs, dans cinquante ans, quand on cherchera à comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui, qui remplacera Crosby, Still, Nash & Young, les chemises à fleur, la Rickenbacker douze cordes et Charles Manson ? On se rappellera probablement d’Israel Nash entre deux chemises déchirées …
On pourra toujours pinailler sur l’ambiance rétro des compositions, mais en ce qui me concerne ça fonctionne tranquillement là où bien des groupes comme Fleet Foxes (mais si, rappelez vous …) se sont plantés par le passé. L’album entier s’écoute doucement, mais il y a surtout Willow, Parlour Song, et Strangers qui passent toutes seules alors que la température chute et la fatigue commence à devenir trop forte sur mes épaules. Et pourtant, au détour d’un couplet, il m’arrive de bloquer par ici sur une petite phrase de guitare électrique, par là sur une étrange distorsion provoquée par cet air joué au bottleneck, ou encore sur cette basse trapue qui n’est pas sans rappeler le jeu charpenté de Billy Talbot. Ce disque est assurément l’un des plus beaux compagnons d’infortune par les temps qui courent …
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