IMG_1950Vendredi 13 Novembre, je marche lentement le long du boulevard Sebastopol sans me douter une seconde de la suite des événements. Ce soir, je me rends à la Gaité Lyrique pour y voir les groupes Requin Chagrin, Remi Parson et BCBG dans le cadre de la convention de la Souterraine, qui ne sera pas à l’Olympic Café comme à son habitude. J’arrive devant la salle – qui ressemble à un gros bunker – je vérifie mon appareil photo et mon enregistreur, non sans un début de mal de tête après avoir fait un tour à l’exposition Paris Musique Club. Je prends un verre de vin, je discute avec Laurent qui participe à l’organisation. Je ne connais pas grand monde, mais la soirée commence bien avec le set de BCBG.

( ♫) BCBG (live)

Profitant du Wifi en libre accès, je configure mon téléphone portable et j’en profite pour publier quelques photos de concert. Remi Parson joue tout seul avec sa guitare et son clavier, j’aime bien Gomina ou encore cette version de Droguerie. Mon téléphone ne capte pas. Je sors pour publier des photos supplémentaires et je retourne dans la salle pour voir la fin du set. C’est fini. Je vois plusieurs messages sur mon répondeur. Je regarde les réseaux sociaux. La première chose que je lis est « safe@home ». Quoi ? Je réalise avec stupeur et horreur ce qui est en train de se passer. Je relève la tête de mon téléphone. Les portes sont fermées. Tout le monde est abasourdi. Par sécurité, le staff de la Gaité Lyrique préfère nous garder. Je préviens mes proches. Je rassure. Je sens venir cette vieille tristesse. J’ai peur aussi.

( ♫) Remi Parson (live)

Confiné pour confiné, Requin Chagrin maintient son concert. Devant le groupe, je suis partagé entre un sourire et des larmes. J’ai de la chance d’être là. Je me demande comment je vais rentrer chez moi. De bien petites choses comparées à ce qui se passe en ce moment au Bataclan. La musique a quelque chose d’à la fois urgent et rassurant. Après le concert j’essaie de discuter de sujets légers avec des spectateurs, mais le coeur n’y est pas. Nous restons à la Gaité Lyrique jusqu’à deux heures du matin. Je me retrouve de nouveau sur le boulevard Sebastopol. Quelques personnes rentrent chez eux à pied. Les sirènes résonnent dans la ville. Il y a des policiers à chaque coin de rue. A Odéon je trouve un taxi qui me ramène enfin à la maison. Dépité, je suis content que ceux que je connais, de près ou de loin, soient encore en vie et je pense à tout ceux dont on est déjà sans nouvelle. Je ne vois pas d’autre chose à faire que de serrer très fort tout le monde chez moi …

( ♫) Requin Chagrin (live)

Texte, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin

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