Ce 19 mai, le Nouveau Casino est bien rempli, et que le public soit averti ou dilettante, tout le monde est venu voir Akron / Family. Le groupe New Yorkais, assez rare chez nous, est venu défendre son dernier album sorti au début du mois, “Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free”. Pour autant, la soirée s’annonce assez variée avant l’arrivée des New-Yorkais, puisque le rock de Heartless Bastards et l’électro de Fan Death sont là pour nous faire patienter.
A peine a-t-on le temps de s’asseoir tranquillement au comptoir, que les musiciens d’Heartless Bastards entrent en scène pour exécuter leur set brut et efficace. Sans être d’une originalité exceptionnelle, le groupe réussi à nous emballer avec un rock énergique et percutant, notamment grâce à la voix de la chanteuse Erika Wennerstrom, naviguant entre le timbre de Patti Smith et la puissance de Joan Jett. Malgré un guitariste discret, le groupe gagne des points avec une section rythmique particulièrement efficace, entre écrasement de futs par le batteur, et ligne de basse en rouleau compresseur. Et après, on ne s’étonne qu’à moitié qu’Heartless Bastards sorte ses disques sur le label de blues Fat Possum …
Après une courte pause, la température monte d’un cran avec l’électro-clash de Fan Death. Malgré quelques problèmes techniques liés à l’installation d’un synthétiseur, le trio exécute avec une certaine putasserie une pop synthétique gavée de rythmiques digitales. Mais ce qui frappe par dessus tout, au milieu de cette new-wave girly, c’est la manière dont la chanteuse réussi à mélanger l’extravagance issue de nombreux clips des années 80 avec une certaine façon de faire le mime, rappelant ainsi les shows de David Bowie. Après quelques titres particulièrement efficaces, Fan Death termine son show, écourté par les caprices d’une balance un peu trop rapidement exécutée.
Après avoir consciencieusement préparé leur instruments, les membres d’Akron / Family arrivent sur scène, portant quelques insignes hippies, et démarrent leur set d’une bien belle manière. Accueillant le public avec quelques enregistrements sonores issus de la campagne, le trio débute avec une guitare acoustique et quelques percussions, plongeant le Nouveau Casino dans une étrange et soudaine introspection qui sera de courte durée. Car après cette subtile mise en place, les New-Yorkais s’engagent dans un show lysergique et mutant mêlant avec une grande maestria rock psychédélique, free-jazz, afro-beat et même une pointe d’électro avec des titres essentiellement issus de leur dernier album “Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free”. Entre improvisation à la limite du tribalisme où les percussions primitives viennent hypnotiser le public, et maitrise des formes où chaque membre à droit à son solo, Akron / Family conquiert le public à coup de folles envolées sonores : Une basse sous acide se mélange avec une batterie ancestrale pour mieux fusionner avec une guitare fiévreuse et bavarde. Et Akron / Family sait parfaitement comment jouer de ces effets et ruptures de rythmes, laissant ainsi le public hagard et groggy face à ces puissantes saillies soniques. Au final, on repart épuisé mais heureux de ce concert généreux qui s’avère être une excellente aventure dans le rock psychédélique et free.
Article publié sur le site Indiepoprock.net