Sept mois exactement après leur passage au Bataclan durant le mois de Janvier, Animal Collective est de retour à Paris, suite à la sortie de leur dernier single “Summertime Clothes”. C’est sous une chaleur de plomb que nous avons bravé une Cigale littéralement bondée d’un public venu voir l’une des sensations indés de l’année. La première partie n’était pas des moindres, puisque Gravenhurst était venu défendre tout seul son répertoire.
On peut dire que Nick Talbot ne manque pas de courage, il en fallait sacrément pour venir jouer seul ses titres face à un public visiblement impatient de retrouver le collectif new-yorkais. Nonobstant ces contraintes, Gravenhurst joue ses morceaux avec juste une guitare, et emporte une partie des gens présents dans la salle, grâce à sa voix touchantes, voluptueuse et un jeu plutôt aérien et détaché ; le picking est cristallin, les arpèges sont mélodieux, la musique est minimaliste dans son mariage guitare / voix. Un contrepoint intéressant pour ceux qui ont déjà vu Nick Talbot accompagné d’un backing band, qui n’hésite pas à nous noyer sous des déflagrations de guitare shoegaze. Mais ce soir Nick joue la carte Drake, malgré quelques effets sonores bâclés sur le pourtant magnifique Black Holes In The Sand, joué dans une fin de set assez timide.
Très vite, Animal Collective arrive sur scène et les trois membres partent se réfugier derrière chacune de leurs consoles pour démarrer un set qui peine à nous captiver à son début. Est-ce la chaleur de la salle, le public trop sage, mais l’énergie n’est pas très présente dans ce mélange de beats primitifs et de voix à la Beach Boys chargées en réverbération qui sonne parfois comme d’indistincts borborygmes. Et puis quelque chose va se passer à partir de Summertime Clothes, on reconnaît aisément le morceau, qui est indéniablement le plus dansant de “Merryweather Post Pavilion”, suivi de l’électronica épileptique de Daily Routine. Le groupe prend alors ces marques avec des titres aussi marquant que My Girl, le concert se fait alors plus festif et créatif, notamment grâce aux superbes jeux de lumière noyant la salle dans une atmosphère tribale et néo-hippie. Sur Brother Sport la température monte encore d’un cran avec cette espère de zouk halluciné, noyé de blip clignotant en rythme avec les mouvements de la lampe frontale de Geologist. Pourtant, c’est la version rallongée de Fireworks qui demeure le moment fort de cette soirée, jouée de façon encore plus hallucinée qu’à l’accoutumée, avec même un Avey Tare qui joue de la guitare, et nous propose un solo disloqué et déformé, qui semble sortir d’un improbable clavier. Le concert s’achève ensuite après un rappel de rigueur assez rapidement exécuté. On ressort alors de la Cigale, gluant de chaleur, heureux et content du concert malgré une pluie qui tombe à torrent.
Article publié sur le site Indiepoprock.net
Par Mathieu.
PS : En vidéo, je vous ai mis le clip de My Girl que je trouve très réussi et très joli.