Dimanche 23 Octobre, c’est assez rare pour être signalé mais je prends un bus pour aller voir un concert qui a lieu à Boulogne-Billancourt. J’arrive trop tôt malgré l’heure indiquée sur mon billet. Je retrouve Sébastien qui est arrivé à 17h, on prend un verre en parlant musique et cinéma …
Plus tard, on arrive sur place et je repère au stand des labels une K7 audio des Skull Defekts que je ne peux pas acheter pour le moment. On s’installe tranquillement dans la salle du Carré Belle-Feuille et c’est à Apes Did Ensemble, groupe français vainqueur de tremplins musicaux, d’ouvrir la dernière soirée de l’édition 2011 du Festival BBMix. Visiblement marqués par Eddy Vedder, les français naviguent entre deux eaux, une pop versatile et une urgence somme toute assez rock, je reste partagé en me disant que le groupe aurait gagné en personnalité en choisissant une voie plutôt qu’une autre.
Je retrouve aussi Sophie, Alexis et Fabien, et déjà la Lyonnaise Agathe Max arrive sur scène avec son violon qu’elle branche sur une série de pédales d’effets. Bien assis sur mon siège, je prends quelques photos, mais je repose rapidement mon appareil, la salle est sombre et surtout les différentes phrases de violon ainsi séquencées en live viennent installer une série de drones qui me plongent dans un état méditatif. Une nature pastorale semble défiler devant mes yeux alors que quelques notes de piano, comme suspendues là, viennent se poser par endroit, au gré de ces nappes qui s’enchainent pendant presque une heure …
On discute, on prend un verre, et puis on entend une sonnette, ça va être l’heure du set de The Skull Defekts. La salle est plongée dans le noir, et on entend juste un dialogue samplé et une première rythmique tribale et répétitive soutenue par deux batteurs (plus exactement, le deuxième batteur tape sur des bidons et bidouille quelques effets électronique). Une première guitare bien heavy viens renforcer le tempo, tandis que le dernier membre des Skull Defekts entame une danse légèrement déstructurée. Puis il attrape sa guitare pour venir poser des sons distordus qui semblent se référer à quelques grands moments de la no-wave. Voilà une puissante entrée en la matière, qui continuera sur les deux / trois morceaux suivants, avant que l’ambiance tribale ne retombe sur la fin. Ne joue pas comme les Swans qui veut, malgré un In Majestic Drag vraiment prenant. L’occasion pour les suédois de se lancer dans une sorte de transe tout en jouant des riffs puissants sur une Travis Bean. Plus tard, je repartirais avec la fameuse K7 et leur dernier disque « Peer Amid », son écoute me fait un peu regretter de ne pas avoir retrouvé toute la puissance de ce très bon disque sorti en début d’année. J’aurais bien aimé plus de bidouillages électroniques et de guitares à la Glenn Branca …
( ♫ ) The Skull Defekts – In Majestic Drag
Bardo Pond commence de s’échauffer pendant que je retourne m’asseoir à ma place. John et Michael Gibbons, les deux guitaristes, portent chacun un vieux t-shirt de Spacemen 3 et Sonic Youth, ce qui annonce assez bien le free-rock noisy et psychédélique joué par le quintette. J’hallucine rapidement devant les longues plages distordues, gavées de delay et de fuzz, d’où émergent la voix grave et pleine de réverbération de la chanteuse Isobel Sollenberger, qui joue même par moment de la flûte traversière, je me rends alors compte de l’immense de travail de mise en son du groupe. Malgré le mur de distorsion que déploie Bardo Pond, chaque instrument semble trouver sa place, la basse de Clint Takeda est au moins aussi présente que les guitare et les effets sont tout aussi narcotiques, les deux guitares partent chacune de leur côté sur des lignes mélodiques différentes et complémentaires, enfin Isobel Sollenberger semble en transe sur cette musique lysergique.
Nous ressortons de là comme vidé, il est minuit passé, je suis épuisé de ma semaine, de mon weekend et des quatre groupes que je viens de voir. Je repars aussi avec le vinyle du dernier album de Bardo Pond, sorti en 2010. Un conseil de Sébastien que je cite de mémoire : « Bardo Pond faut écouter ça surtout en vinyle ». Effectivement, depuis que je l’ai mis sur ma platine, je bloque sur le superbe The Stars Behind qui était venu conclure cette belle soirée …
( ♫ ) Bardo Pond – The Stars Behind
Texte et photos de Mathieu Gandin