Sun Ra nous avait prévenu, « Music is existence and the key to universal language ». Plus je vieillis et plus cette phrase signifie vraiment quelques choses pour moi. J’aime la musique qui résonne en moi, qui me plonge dans un état de pleine conscience, qui me procure de la joie et me fait oublier les tracas un peu merdique du quotidien.
En ce moment, j’écoute le dernier album de Bardo Pond, « Peace On Venus », précisément pour ces raisons-là. L’hiver approche et tout devient maussade, et je ne vois que les longs jams psychédéliques de Bardo Pond pour traverser cette période sans encombre.
Sur la fin de « Peace On Venus », il y a deux immenses morceaux de dix minutes chacun, Les guitares mantriques explorent des espaces encore ignorés de la conscience humaine tandis que la basse tellurique de Clint Tekada plonge lentement l’auditeur dans un puissant état d’hypnose.
Chance et Before The Moon progresse calmement, Michael et John gibbons construisent avec leurs guitares des pyramides sonores d’une rare beauté. Je ferme les yeux en écoutant cette musique et j’imagine déjà mille formes lysergiques Je crois qu’il se cache dans ces distorsions un magnifique refuge.
Il y a aussi tant à dire sur la voix et la flûte traversière d’Isobel Sollenberger. Elle traverse, hallucinée, ce déluge de fuzz. Elle nous accompagne dans ce doux voyage distordu et psychédélique. Elle nous tient la main un moment avant de nous laisser seul au milieu de notre transe narcotique.
C’est ce que j’imaginais ce soir-là en remontant la longue avenue, les écouteurs sur les oreilles. Je me disais que Bardo Pond est assurément le groupe que j’aimerais revoir sur scène, tant l’expérience du live se révèle être l’une des plus cosmiques et des plus belles à écouter. Aucune date de concert en France n’a été annoncé mais je me console avec les riffs saturés de « Peace On Venus ». L’immense liberté de ce disque procure un plaisir d’écoute d’une rare intensité.
( ♫) Bardo Pond – Chance
Mathieu
Salut,
merci pour ta chronique sensible où il semble que l’on en apprend plus sur ton existence que sur l’album.
Magnifique épopée que le morceau “chance” tr plus que ch , loin d’être reposant cependant, les jeunes ondes stellaires deviennent de véritables pulsars projetant de violents jets de fuzz vers nos crânes.
J’y ai entendu un crazy horse débarqué d’un vaisseau fantôme tricotant de la fractale argentée, une figure celte et blafarde dansant sur le feu.Dangereux d’emprunter ces vieilles voies pour traverser l’hiver mais tellement tentant.
oyseau