Laisser nos esprit s’envahir par la noirceur lascive de la dépression tout en finissant de boire cul-sec cette pinte de bière. Prendre à pleins bras l’ensemble des verres qui s’amoncellent sur le comptoir pour les jeter sur les gens. Arrêter de compter les insultes et attendre que quelqu’un viennent vous prendre par le cou pour vous jeter dehors tout en lui rigolant au nez quand il menace d’appeler les flics. Reprendre conscience quelques minutes plus tard pour écouter le son de la guitare électrique et aller pisser le long de la vitre. Se moquer des personnes qui marchent dans la rue et qui aimeraient bien ne pas nous voir. Sentir venir en soi un blues infectieux, à moins que ce ne soit l’odeur de la transpiration qui s’incruste en profondeur dans nos vêtement sales. Rester calme et ne pas oublier que demain tout rentrera dans l’ordre quand nous serons chez nous. Seuls ceux qui ont eu un minimum de respect de soi ce soir ont pris du café et du whisky …

( ♫) Goatsnake – Coffee & Whiskey

Je regarde la pluie tomber doucement sur le trottoir. Assis dans le bar j’évite toute forme de conversation. Je termine mon verre et je ressors pour marcher seul. Difficile pour moi d’imaginer un meilleur moyen pour chasser ces formes noirâtres pétries de doutes qui attaquent mon esprit de toutes parts. Il n’y a pas de plus terrible histoire que celle qu’on ne peut raconter. La pluie tombe encore un peu et ça fait du bien. La nuit tombe aussi. Bientôt il ne restera plus grand chose de tout cela, à part peut être un immense riff distordue qui résonne dans un long bourdonnement pour ne laisser qu’une étrange impression, quelque chose va un jour émerger de cette destruction créative …

( ♫) Goatsnake – A Killing Blues

Mathieu