Il faudrait que je vérifie précisément, mais on retrouve souvent chez Centenaire ce travail sur les mélodies, cette envie de sonner comme Bark Psychosis ou Talk Talk tout en enregistrant dans un salon, comme pour mieux nous ménager des moments où ça s’emporte et d’autres où tout se calme. Et cela tout en abordant différentes recherches sonores tout au long de leurs trois disques. Leur premier album était très acoustique, « 2 -The Enemy » avait des envolées plus pop et voici « Somewhere Safe » qui trace des lignes électriques parfaitement distordues. La fuzz nous envahit dès l’excellent premier titre, « Where To Go », et c’est l’une des plus belles choses à écouter en ce moment.
Interlude. J’avance dans le froid. Je rumine ma colère. Je longe les barrières qui entourent le stand des expositions de la Porte de Versailles. Je repense à cette journée et je me dis qu’il faut mieux passer à autre chose. J’enfonce mes mains bien au fond de ma poche. Il faudra que je ressorte mes gants. Je ne suis pas trop couvert mais ce n’est pas grave. Je suis trop énervé pour sentir le vent qui souffle. J’ai les oreilles qui sifflent. Un riff saturé est en train de traverser certains méandres de mon cerveau. En vérité, il faut se méfier de ceux qui prétendent être nos amis …
( ♫) Centenaire – The truth about those who pretend to be your friends
On y entend donc beaucoup de fuzz, des phrases de clavier analogique (un Philicorda pour être tout à fait précis), et une rythmique cognée inlassablement sur le tom bass. On y entend surtout la voix de Damien Mingus, le phrasé entre colère résignée et mélodie semble survoler ces compositions inquiétantes (enfin c’est l’impression que ça me donne). Je pourrais vous résumer tout ce qui me vient en tête en écoutant ce disque mais ce serait vous ennuyer avec beaucoup trop de détails. Il n’empêche, « Somewhere Safe » tourne en boucle chez moi depuis quelques temps déjà et s’affirme doucement comme l’un des disques de l’année (on reparlera, mais les disques de 2014 seront pour ma part des disques français).
Digression. On n’est pas nombreux à être au courant. On s’échange des informations. On fait partie d’un mouvement. On se retrouve. On fait attention aux autres factions. On avance dans un univers très codifié. Il y a les vrais et il y a les fautes de goûts. Il y a aussi ceux qui s’en foutent et qui sont là quand même. On entend le clavier qui joue des notes psychédéliques. On est là, présent, tous éveillés. Dans l’underground …
( ♫) Centenaire – The Underground