Mercredi 1er Juin, je traverse une partie de Pigalle pour rejoindre la ligne 5 parce que la ligne 2 est en panne. Je trouve quand même le moyen de rejoindre la Porte de Pantin un peu avant 20h pour rejoindre Madame et nous nous rendons à la Cité de la Musique, ce soir il y a Current 93 en concert. De l’œuvre prolifique de David Tibet je ne connais que certains de ses derniers disques et un peu « Of Ruine or Some Blazing », il faut dire que je ressors souvent épuisé de l’écoute des disques du monsieur, l’intensité et la longueur de ses compositions ont parfois raison de moi, pour me remettre après j’ai souvent tendance à ressortir mes vieux disques de rock lo-fi des années 90 …
( ♫ ) Comus – The Prisoner
J’ai donc un peu peur du résultat, mais comme ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir David Tibet (la dernière fois qu’il est passé à Paris, c’était en 1993) alors on s’assoit dans les premiers rangs de la Cité de la Musique. La lumière s’éteint et les membres de Comus – un groupe de prog-folk-rock anglais – arrivent sur scène. Le résultat est à la hauteur de ce que je m’attendais, plutôt folk (proche d’Incredible String Band, peut être une inspiration pour Sun City Girls, une référence pour David Tibet) avec une impression assez hippie (surtout pour la chanteuse et les congas). Il y a parfois des solos de picking, mais sans être trop démonstratifs, d’ailleurs le guitariste se plante plusieurs fois sur certaines notes et il s’en excuse auprès des spectateurs. Comme on ne se rend pas compte des erreurs tout le monde l’applaudit. Le chanteur a un petit côté bluesy, vaguement inspiré de Don Van Vliet. L’ensemble est pas mal du tout, et je me demande si j’arriverais un jour à trouver le vinyle de leur premier album. Comme tous ses musiciens ont plus de 60 ans, et qu’il joue un mélange assez free entre folk et rock, souvent accompagné de violon, je me demande alors à quoi ressembleront les membres d’Arcade Fire dans 40 ans …
( ♫ ) Current 93 – Cuckoo
« Honeysuckle Aeons » contient beaucoup de titre où l’on entend seulement un piano et la voix de David Tibet et j’ai un peu peur de m’emmerder. Heureusement, ce soir Current 93 vient en formation agrandie : deux guitaristes (dont l’un est l’immense James Blackshaw), Eliot Bates au Oud, un batteur, Baby Dee au piano, autant dire presque toute l’équipe qui a participé à l’enregistrement de « Baalstorm, Sing Omega ». Ce soir ils joueront pendant presque deux heures trente d’une immense intensité. Comme j’ai une mémoire de poisson rouge, je ne reconnais pas les titres de Current 93, à l’exception de With Flowers In the Garden Of Fires et Pomegranate, qui est joué ce soir dans une version plus musclée qu’en studio, presque post-rock, ça doit venir des deux guitares et du batteur … Le chant habité et théâtrale de David Tibet a tendance à tirer tous les regards vers lui, mais je reste assez fasciné par le jeu de Oud d’Eliot Bates ainsi que celui de James Blackshaw à la guitare électrique …
Pendant ces deux heures trente on navigue entre paganisme et christianisme, de l’incarnation de Lautraémon, de la lutte perpétuelle d’un homme avec ses propres démons, entre folk anglais, post-rock et mélodies orientalisantes. Une prestation exigeante qui réussit à tenir de bout en bout son auditoire, et je crois que c’est la première fois que j’arrive à écouter aussi longtemps Current 93. En rentrant chez moi, je retrouve le site passionnant d’Eliot Bates et je me réécoute cet immense disque de James Blackshaw, « All Is Falling », sorti en décembre chez Young God Records. Je me souviens qu’une fois acheté en vinyle, et après l’avoir écouté, je n’ai rien trouvé de mieux à dire que « c’est très beau ». C’est le genre de disque que l’on écoute en entier, comme une grande pièce musicale. Aujourd’hui je suis généreux, voici la première partie, la suite s’écoute là …
( ♫ ) James Blackshaw – All Is Falling Part 1
Par Mathieu
Qu’aurais-je voulu assister à ce concert… Sinon oui tu as raison c’est également une très bonne raison de réécouter du James Blackshaw.
Cela restera un moment assez rare (ne serait-ce que pour le peu de fois que l’on peut voir le bonhomme).