On imagine mal ce qui aurait pu arriver si David Tibet n’avait pas eu ce trip d’acide sur le toit d’un immeuble dans les années 80. Le genre d’expérience extrême qui lui a fait apparaître une image d’un Oui-Oui crucifié dans le ciel. Une vision paradoxale qui a inspiré le titre Swastikas For Noddy (c’est comme ça que s’appelle Oui-Oui en Angleterre … ) et qui a permis à David Tibet de devenir l’un des exégètes du dark-folk, autant inspiré par la musique gothique et médiévale que part les compositions acoustiques de l’Incredible String Band. Un carrière bien remplie qui continue avec un nouveau disque, « Baalstorm, Sing Omega », sorti presqu’un an après l’excellent « Aleph at Hallucinatory Mountain ».
Alors quand on est un artiste prolifique comme David Tibet, on se replonge encore dans des rites païens, on écrits des textes d’une noirceur digne du Chant de Maldoror de Lautréamont et on appelle une fois de plus de nombreux invités pour réaliser un bel écrin musical pour cette sombre élégie. Chacun a sa personnalité, John Contreras au violoncelle, Baby Dee au piano et à l’orgue, James Blackshaw à la guitare folk, mais c’est l’ensemble qui prime, qui dépasse tout, sert le chant habité et omniprésent de David Tibet, qui nous emporte dans un flux messianique et psychélique. Il n’y a qu’à entendre December 1971 pour commencer à y voir mille visions échappées d’un autre temps, ancien et oublié de tous, comme les incantations de l’on ne sait quelle entitée spectrale …
L’apparition de rythmes orientalisant, surtout présent grâce à la guitare folk, la douze cordes de James Blackshaw, qui vient prolonger la lysergie, comme une sorte de mélodie entêtante qui reste cachée dans un coin de notre tête et qui ne peut pas s’y échapper. With Flowers in the Garden of Fires ressucite le folk de « The 5000 Spirits Or The Layers Of The Onion », Passenger Aleph in Name avance calmement, avec une petite phrase de glockenspiel. Quant à I Dance Narcoleptic, il vient clôturer avec grandeur ce disque passionnant. A la fin, on y entend un cri poussé par un enfant effronté, avant cela il sera revennu plusieurs fois nous apostropher tout au long du disque, comme pour mieux nous rappeler celui que nous étions plus jeune et tous les rêves que nous faisions alors …
Tribal, profond, authentique, sombre, … Ce disque est un peu tout cela à la fois, le genre qui vous hante pour un moment, un disque de plus pour David Tibet, mais assurément l’un des grands moments d’étrangeté de cette année.
( ♫ ) Current 93 – With Flowers In the Garden Of Fire
Par Mathieu
Je partage complètement l’enthousiasme. Current 93 réussit l’exploit de classer deux années de suite un album dans le top du top…
Yep, des albums qui mettent du temps à s’imposer mais qui savent bien s’imposer !!