La pochette du disque a été déchirée il y a très longtemps. C’est comme si elle porte encore les marques de la douleur engendrée par les multiples problèmes qui me sont tombés dessus à ce moment là. Mais j’écoute encore « Black Holes In The Sand », ce disque me fait un bien fou. D’abord parce qu’il contient certaines des plus belles compositions folks que l’on a pu entendre en 2004 et puis aussi parce que l’ensemble des titres fonctionnent comme une sorte de boite fermée où l’on garderait quelques mauvais souvenirs, on sait qu’ils sont là, mais on sait aussi que l’on a survécu. Accessoirement, les cordes pincées et la voix mélancolique de Nick Talbot font parties de ces mélodies que je trouve apaisantes à écouter le soir, quand la lumière tombe et la journée se termine …

Gravenhurst a exploré par la suite le rock shoegaze sur « Fire in Distant Buildings » et « The Western Lands ». Je l’avais d’ailleurs vu en concert en 2008, en première partie d’Animal Collective. Quand il jouait en groupe l’électricité déferlait de partout. Parfois il jouait seul pour revenir à des arrangements plus dépouillés. Dans tous les cas je trouvais ça beau, c’était pour moi le set parfait, celui qui alternait l’énergie follement abrasive de la distorsion avec la tristesse du folk anglais. Dans tous les cas les chansons étaient tristes et j’aimais bien, ça me parlait et ça me parle toujours d’ailleurs. J’ai revu Nick Talbot une seconde fois en concert, il était seul cette fois, je ressenti une humeur plus désabusés mais je ne saurais pas trop dire pourquoi. Mise à part son dernier disque, c’est le dernier souvenir que je garde de ce musicien avant l’annonce de sa mort à la fin de l’année dernière. Ca m’a filé un coup quand la nouvelle est tombée et je suis allé chercher la pochette du disque, celle qui avait été déchirée il y a très longtemps. J’ai réécouté Black Holes In The Sun. Les mauvais souvenirs sont revenus. Et puis j’ai refermé la boite …

( ♫) Gravenhurst – Black Holes In The Sun

Mathieu