Aujourd’hui rien ne marche. Tout s’écroule sur place. Chaque chose porte en soi les germes de l’autodestruction. Je n’ai pas le temps de commencer un truc sans qu’il me glisse des doigts pour aller violemment se casser. Ce qui résiste à la casse se retrouve bricolé, arrangé, amélioré, avant de finir en vrac sur le sol. J’en ai assez de réparer une fois de plus. Alors je sors. Il fait nuit. J’avance au milieu des immeubles en ruine, je traverse le terrain vague, je m’assois sur un vieux siège à roulette qui provient sûrement d’un bureau réduit en miettes. J’ai les oreilles qui sifflent et je repense aux lignes de basse déformées par le filtre d’une fuzz post-apocalyptique qui donne envie de crier comme jamais …

( ♫) Dope Body – Repo Man

J’aurais voulu me retrouver dans une petite salle de concert. J’aurais voulu rester de côté, sur la droite ou la gauche, appuyé contre le mur, à prendre des photos ; je laisse la fosse pour ceux qui se défoulent. J’aurais voulu sentir le son de la basse qui ronfle tellement que j’en ai du mal à respirer. J’aurais voulu entendre les riffs distordus et bruitistes joués par la guitare. J’aurais voulu voir le chanteur hurler sur le public avant de distribuer quelques coups de pieds au premier rang. J’aurais voulu compter les temps marqués par le batteur lors du break. J’aurais voulu m’approcher du bar pour prendre un verre de vin et jeter un coup d’œil rapide sur le stand de groupe. La salle peut bien s’écrouler sur elle même, cela restera malgré tout comme l’une des choses les plus vivantes que j’ai pu voir …

( ♫) Dope Body – Hired Gun

Mathieu