Vendredi 12 décembre, je marche sous la pluie entre Parmentier et Ménilmontant. Je navigue avec un état d’esprit proche de l’abandon, j’hésite à rentrer chez moi pour prendre une tisane chaude et me coucher vers 21 heures. En fait non, j’arrive à la Maroquinerie, ce soir il y a J Mascis, Mirel Wagner et Lyla Foy qui jouent pour le Winter Camp Festival. La soirée a failli être annulée avant d’être reprogrammée au dernier moment. Autant dire que je rentre dans la salle de concert avec une étrange impression d’entre deux …
Il y a quelque chose d’assez précieux dans la musique que nous joue Lyla Foy ce soir. Elle est accompagnée d’un joueur de clavier (qui prendra parfois une Fender VI pour jeter quelques lignes de basse). Les morceaux s’étirent calmement au fur et à mesure des accords lentement tissés sur la Fender Mustang de Lyla Foy. J’avoue préférer ces arrangements minimalistes aux orchestrations pop que l’on peut entendre sur son premier disque « Mirrors The Sky ». Ce folk sombre est assurément une belle entrée en la matière pour m’aider à oublier une partie de mes soucis …
( ♫) Lyla Foy (Bootleg)
Mirel Wagner s’est installée sur le côté de la scène, à gauche, en retrait, peut être par pudeur, peut être parce qu’elle est un peu impressionnée par la foule. Il n’empêche, après deux titres d’échauffement, elle s’impose immédiatement à mes oreilles. Seule avec sa guitare acoustique Gibson, elle nous raconte des histoires, elle pince les cordes et nous fait presque oublier ceux qui parlent pendant les concerts calmes, ceux qui oublient de débrancher leur portable quand ils s’approchent du micro et ceux qui ne savent plus à quoi ressemble cette belle idée qu’est le folk. J’avoue n’avoir pas pris le temps d’écouter les disques de Mirel Wagner – découverte à juste titre lors d’un open-mic à Helsinky – il va falloir que je rattrape ça demain, de préférence très tôt le matin ou très tard dans la journée …
( ♫) Mirel Wagner – No Death (Bootleg)
Ce soir Jay Mascis semble malade. Il y a des médicaments, des sirops pour la toux, et aussi des huiles essentielles, me dit-on. Il joue sur une vieille guitare acoustique (une Gibson qui vient remplacer son habituelle Fender Jazzmaster) mais il n’a pas oublié d’apporter ses pédales de distorsion, ce qui lui permet de nous envoyer quelques morceaux de Dinosaur Jr, comme ce superbe Little Fury Thing joué en début de set, juste après deux titres de « Tied to a Star ». Il y a aussi pas mal de bons soli, on a droit à une immense version étirée de Drifter, et la fuzz remplace ici l’encens et le patchouli. Je n’arrive plus à me rappeler des trucs qui me tracassaient en début de soirée, c’est sûrement le signe que je viens d’assister à un bon concert …
( ♫) J Mascis – Me Again (Bootleg)
Textes, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin