La scène n’est pas très grande et le public peut presque toucher les amplis. Il y a deux gros Marshalls qui annoncent tout de suite la couleur. Trois barbus et chevelus sortis d’on ne sait où sont en train de noyer la salle sous une pluie de larsens définitivement destructeurs pour toute oreille acouphénique. Le premier barbu joue d’une guitare de forme Gibson SG, mais avec trois gros micros, si bien que chaque note est une porte ouverte vers un monde puissamment distordu. Le deuxième tient une immense basse demi-caisse dont chaque note plâtreuse vient perforer nos tympans. Le troisième s’agite derrière ses fûts mais en garde toujours un peu en réserve pour tenir le rythme. Dans ces moments-là le power-trio reste assurément la meilleure chose à voir sur scène et peu importe le côté rétro, les verres de vin, les coups de coude avec le reste du public, le torticolis et la gueule de bois demain matin …
On entend un gros riff de guitare électrique qui tourne en boucle pendant facilement dix secondes avant que la batterie ne démarre. Peu de temps après la basse débarque en embuscade pour reprendre le riff en question pendant que la guitare part vers d’autres directions puissamment narcoleptiques. Une pause. Tout le monde reprend avec le chanteur. La fuzz déborde de partout et le niveau de saturation psychédélique est tellement important que ton cerveau commence à perdre progressivement toute notion d’espace et de temps. A un moment c’est la basse qui mène la danse tandis la guitare se lance dans le solo de rigueur qui évite de peu la note de trop. Je fumerais bien un joint si je n’étais pas déjà si vieux. Ca s’arrête là et je me dis que je ne trouverais pas plus épais ni plus dégénéré à écouter aujourd’hui …
( ♫) Kadavar – Last Living Dinosaur
Mathieu