Vendredi 16 Septembre, ma journée est bien chargée : boulot le matin, jouer de la guitare pour répéter avec un ami l’après-midi, réunion d’information à l’école vers 18h et puis j’ai prévu d’aller voir Man Man qui passe ce soir au Café de la Danse, dans le cadre du Festival Eldorado.
Comme je suis en retard, je ne vois que trois titres de Little Scream, c’est peu pour se faire un avis, même si j’arrive me faire une idée sur cette fin de set plutôt rock, plutôt nerveuse, d’ailleurs il n’y a pas de basse, juste deux guitares qui balancent des riffs bien serrés, un batteur qui cogne et une chanteuse qui a du coffre. Bon, ce n’est pas d’une grande originalité, c’est juste du Rock’n’Roll, mais ça me permet de reprendre un peu mon souffle, d’ailleurs j’ai déjà mal au dos et aux pieds, c’est sûrement dû à mon appareil photo qui pèse sur mon épaule et la fatigue de la journée …
Il doit être un peu plus de 20h et déjà le public commence à s’amonceler dans la fosse. Sur scène, les trois membres de The Wave Pictures commencent de jouer de la pop, simple et efficace, celle qui semble avoir toujours été composée à partir de trois accords, comme dans un titre de Jonathan Richman, celle où l’on entend même un solo de basse comme sur certains disques de Violent Femmes, celle où les textes racontent des histoires qui ressemblent à toutes nos tracasseries du quotidien, celles qui datent de 10 ans et celles à venir, comme sur un bon vieux disque d’Hefner, le genre de groupe que l’on s’attend à trouver chez Philippe Dumez. Je prends quelques photos au milieu du public plutôt réceptif, et je me surprends même à apprécier les solos de guitare que joue David Tattersall, que m’arrive-t-il ? A la fin du set, je me dis qu’il va falloir démarrer une séance de rattrapage, pourquoi ai-je lamentablement ignoré The Wave Pictures jusqu’à aujourd’hui ?
Le temps de prendre un verre de vin et déjà la scène commence à se remplir d’instruments en tout genre, Man Man termine sa balance et je m’attends déjà à un set endiablé. Déguisés avec des pantalons blancs, parfois en short, avec des chemises ou tee-shirt noir, des perruques, des peintures de guerre, les membres du groupe commencent à s’exciter au milieu de trois claviers et d’une batterie. Certains musiciens de Man Man passent allégrement de la guitare barytone au saxophone, puis sortent des mélodicas et martèlent la rythmique avec un xylophone ou un marimba … Honus Ponus me fait penser à Lester Bangs, même coupe de cheveux, même moustache. Il éructe d’une voix grave à la Captain Beefheart, celle qu’on s’imagine entendre dans un vieux bouge de la Nouvelle Orléans. De temps en temps il prend un vieux micro, harangue la foule, jette des confettis sur les gens, s’habille en vieille chanteuse de cabaret, avant de plaquer ses gros doigts sur son Nord Electro 3. La foule danse, certains vont même jusqu’à slammer, j’ai le temps de prendre quelques photos devant la scène avant d’aller m’assoir tranquillement. Pendant le solo de batterie je fais un peu le fan de base en m’achetant un t-shirt – celui, hilarant, où il y a marqué « Man Man World Tour ‘84 » – ainsi que leur dernier album que j’avais oublié dans le flux de nouveautés.
Je ressors du Café de la Danse définitivement épuisé, mais content. Je me dis qu’il faudrait que je retrouve mon CD de « Rabbit Habits » qui doit trainer dans mes étagères …
( ♫ ) Man Man – Life Fantastic
Texte et photos de Mathieu Gandin