A l’écoute de Ashes To The Snow, le titre inaugural du dernier album des japonais de Mono, on se dit que ces musiciens ont un sens de l’emphase particulièrement prononcé en imposant une telle direction musicale au format cinémascope. A l’évidence ce premier titre nous évoque autant les envolées lyriques de Godspeed You Black Empreror que la bande son d’un film que l’on imagine à la fois d’auteur et de grand spectacle, un peu comme si John Woo faisait le remake d’un film de Godard avec les moyens de Spielberg. Au rayon des surprises, on remarque que ce disque est produit par Steve Albini, et c’est à se demander par quel moyen il a pu enregistrer dans son studio la trentaine de musiciens qui ont participé à ce disque.
En sept titres assez longs (dix minutes chacun environ), Mono réussi à marier les compositions complexes du post-rock avec la direction d’un orchestre à cordes apportant une certaine grandiloquence à cette musique un poil trop solennelle. Car chez Mono, Mogwai n’est jamais vraiment très loin de Morricone, notamment sur Silent Flight, Silent Dawn, qu’on aurait bien vu venir conclure le “Il était une fois en Amérique” de Sergio Leone. Mono compose ses morceaux avec un certain sens de la rhétorique et rien ne nous est épargné : montée en puissance mariant cordes et guitare, effet douche écossaise et climax émouvant. Mais “qui embrasse trop mal étreint ” et cette musique cérémoniale, si elle n’en demeure pas d’une très grande technique, est parfois fatigante par sa boursouflure et son style ampoulé. Il faut bien reconnaître qu’après avoir écouté deux ou trois morceaux, on finit par sentir comme une pointe d’ennui.
Même si elle n’est pas toujours payante, la prise de risque est courageuse. Lorsque Mono en reste à des ambiances féériques, tourmentées et limite ambiantes, on peut se laisser facilement embarquer à quelques rêveries en écoutant ce disque. Mais lorsque le groupe se laisse emporter par un vent épique et pompeux, on se dit que si tout cela est fort sympathique, cette musique n’en demeure pas moins ennuyeuse.
Article publié sur le site Indiepoprock.net