Je me souviens encore de la décharge d’adrénaline reçue quand j’ai entendu Fever Dreaming. J’écoutais ce titre de No Age presque tous les matins rien que pour cette guitare distordue, cette rythmique efficace et ce chant malade.
J’en voulais encore plus avec leur troisième album intitulé « An Object » (sorti cet été). Je voulais de cette guitare qui vous strie les oreilles jusqu’aux bourdonnements acouphèniques, je voulais de cette batterie qui cogne à toute vitesse avec ce feeling hardcore, je voulais de ces hurlements tumultueux que l’on pousse comme si c’était la dernière fois que nous devions crier.
Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, je suis surpris à chaque écoute par le virage presque conceptuel pris par No Age.
( ♫) No Age – No Ground
Au début j’ai regretté que No Age ait calmé un peu le jeu, mais en fait ça m’a quand même plu par la suite. No Ground est surprenant, ça doit venir de l’arrivée de la basse – le batteur chanteur Dean Allen Spunt s’est équipé d’une basse pour composer de nouvelles choses en terme de rythmique – et de la voix qui m’a étrangement rappelée celle de Colin Newman. La guitare de Randy Randall produit toujours autant de bruits saturés mais elle semble soudainement coupée de ses battements. Et pourtant j’aime bien ce titre qui dégage une étrange énergie malgré son impression de sur-place.
Je crois bien avoir lu quelque part – dans « Rip It Up And Start Again » il me semble – que Wire avait pour habitude d’utiliser des contraintes d’écritures musicales pour « Pink Flag », un nombre délimité d’accords, des textes sous entraves et un cadence cadrée, une sorte d’OuMuPo avant l’heure. Je ne sais pas si No Age s’est imposé la même discipline mais je reste agréablement étonné par cette orientation. Commerce, Comment, Commence est presque ambiant dans sa composition. Un peu dans la lune, les yeux rivés vers le ciel, je ne lasse pas d’écouter cette belle conclusion.
( ♫) No Age – Commerce, Comment, Commence
Au détour de quelques titres l’énergie revient. Les riffs sont pleins de distorsion. Il y a plus de batterie. Ca repart avec C’mon, Stimmung. La fièvre est encore un peu là. Le groupe est un peu moins abstrait, plus humain. J’aime bien ça aussi. Il y a là un tiraillement qui nous rappelle combien ce nouveau disque de No Age est bien plus qu’un objet …
( ♫) No Age – Cmon, Stimmung
Mathieu