Rappelle-moi en quelle année on est déjà ? Je ne sais plus trop bien où j’en suis. J’ai trop trainé du côté du boulevard Stalingrad hier soir. Il y avait du monde qui faisait la queue devant le Transbordeur, mais je n’y suis pas allé, ça ne m’intéressait pas. Je suis resté assis sur le bitume, face à la voix ferrée qui surplombe le boulevard. Il faisait nuit et j’ai hésité à rentrer dans le parc de la Tête d’Or et cela, même s’il est fermé depuis déjà quelques heures. Je fume un cigarette en écoutant cette musique faite de boites à rythme, de guitares réverbérées et de voix fatiguées. Je crois que je vais finir la nuit seul dans mon appartement de dix-huit mètres carrés face à mes posters de groupes de rock et de BD. Au petit matin je me réveille sur mon lit, habillé de mes vêtements de la veille. Quand je regarde les volets fermés, j’ai l’impression d’être encore chez mes parents …
L’autre soir j’étais à cette soirée et il y avait cette fille qui reprenait du Depeche Mode avec une vieille guitare. Je ne sais pas si je la reverrais un jour, mais elle m’a touché, là, à jouer Enjoy The Silence au milieu de tout ces gens. Personne ne l’écoutait, chacun était occupé à raconter les petites histoires arrogantes de son quotidien. Je suis reparti après avoir bu un verre. « Vous m’avez l’air déprimé ? » m’a dit la boulangère de bon matin en me tendant des viennoiseries. « C’est le problème avec les jeunes aujourd’hui. A notre époque on savait s’amuser, tout était plus simple … » Mais qu’est-ce qui était plus simple putain ? Je crois que le nouveau premier ministre de la cohabitation s’appelle Edouard Balladur mais on s’en fout. Je ne sais pas d’où viennent ces notes de synthétiseur, mais je les trouve très belles. Rappelle-moi en quelle année on est déjà ?…
( ♫) Balladur – Who’s To Blame
Mathieu