Avec la ressortie de quelques vieux enregistrements de folk improvisé, Ben Chasny m’avait laissé un peu sur le carreau avec ces titres en roue libre dont la longueur varie entre 10 à 20 minutes. Du coup j’avais un peu peur de ce que j’allais entendre avec son dernier album « Luminous Night ». Curieusement, lorsque Chasny met moins en avant son jeu de guitare folk pour laisser place à plus d’orchestration ces mélodies deviennent plus accessibles, donnant l’impression d’entendre parfois la bande-son d’un film imaginaire, notamment avec l’introductif Actaeon’s Fall (Against The Hounds), qui invite Ennio Morricone chez le dark-folk.
Dans un registre plus noir, Chasny effectue une lente mais passionnante plongée qui part du folk pluvieux pour aller vers le drone ambiant avec le tryptique Anesthesia, Bar-Nasha, et Cover Your Wounds With the Sky. Ca démarre par quelques phrases de picking légèrement mystiques, on y entend Chasny qui se rapproche doucement de Nico dans sa façon solennelle d’aborder le chant incantatoire. Puis il laisse vite la place à une orchestration plutôt psychédélique qui prend rapidement son envol vers quelques vertus psychotropes, avant de redescendre rapidement sur des notes de piano noyées dans une vague distorsion atmosphérique. Finalement, même si les titres de Chasny semblent plus faciles d’accès ils n’en demeurent pas moins complexes, et je sens venir comme une sorte d’épuisement tant ces mélodies réclament finalement beaucoup à l’auditeur.
Après un tel passage, je recommande donc une pause, car Chasny en rajoute une couche et n’a pas peur d’emporter l’auditeur un peu plus loin dans diverses harmonies lysergiques. Accompagné de quelques violons légèrement orientalisant, faisant décoller River Of Heaven, Chasny continue de creuser une ligne mélodique en acoustique. Cette musique ne se prête définitivement pas à la description, se laisse écouter, réclame un peu d’effort, et repose beaucoup sur l’expérience de l’audience. Je vous passe donc la description précise des titres et vous laisse vous aventurer doucement dans ce disque.
Ben Chasny continue d’explorer quelques territoires aventureux, tout en restant profondément encré dans le folk. Il abandonne des effets de manche joués à la guitare électrique pour donner de la valeur à plus d’harmonies et d’arrangements. Une forme d’abstraction et d’épure qui reste l’un des plus beau geste que Chasny pouvait faire …
Par Mathieu
Chronique publié de façon légèrement différente sur Indiepoprock.net
Ah j’ai eu du mal à rentrer dedans, trop déçu du précédent pour faire l’effort nécessaire…
C’est sûr, RTZ n’était pas très accessible …
Ça RTZ demande un effort certain. Mais à la longue c’est un disque hypnotique et ce Luminous Night porte merveilleusement bien son titre. Année pleine donc pour Ben Chasny.
Sa carrière ressemble de plus en plus d’ailleurs à celle de Jim O’Rourke qui alterne disque séduisant et répulsif. Mais une fois la bête domptée (si ce mot a une quelconque signification en musique), on accepte à peu près tout de ces artistes.
Superbe disque que ce “Luminous night”. Déjà la pochette donne le ton : luminosité quasi aveuglante contre obscurité et couleurs froides.
Dès le premier morceau, “Actaeon’s Fall (Against The Hounds)”, la grâce et la beauté se déploient pour 42 min…..et persiste même après l’écoute, tel un fantôme nous hantant….douce et sublime apparition !!!