Il s’en ait fallu de peu pour que je passe à côté de Modest Mouse. Heureusement, la détermination renfrognée de Sun Kil Moon et ses reprises à la corde pincée de Tiny Cities Made Of Ashes, Neverending Math Equation et Dramanine m’ont remis sur le droit chemin. C’est grâce à Kozelek que je suis reparti à la chasse de ces vieux morceaux, ceux disséminés sur « This is a Long Drive for Someone with Nothing to Think About », « Building Nothing out of Something » ou encore « Good News for People Who Love Bad News » (Modest Mouse ou l’art des titres parfaits et totalement barrés). Depuis rien ou presque jusqu’à ce « Strangers to Ourselves ». Et il faut croire que huit ans d’absence ont permis à Isaac Broke et le reste de son groupe de composer quinze titres tellement différents les uns des autres qu’ils donnent l’impression d’écouter une radio indépendante qui passerait en boucle une playlist en mode aléatoire …

( ♫) Modest Mouse – Strangers to Ourselves

Il suffit de naviguer au milieu de ces titres pour avoir l’impression qu’ils ont été écrits avec l’intention de mettre en scène tous les clichés du genre tout en faisant clin d’oeil malicieux à l’auditeur. Il faut entendre le rap bling bling parodique de Pistol (A. Cunanan, Miami, FL. 1996), le funk blanc – je n’aurais pas été contre une basse slappée pour celui-là – de The Ground Walks, With Time in a Box, la parade alcoolisée à la Tom Waits de Sugar Boat, l’électro-rock de Wicked Campaign qui part du côté d’Arcade Fire et ses wohwohwohwoh ou encore le folk à la Neil Young de God is an Indian and you’re an Asshole pour se rendre compte de l’étendue hasardée de ce mix infernal. « Strangers to Ourselves » se termine sur l’immense The Tortoise and the Tourist – morceau parfaitement modestemousien – et Of Course We Know, dont le titre ressemble à un gigantesque pied de nez. On pourrait assurément dire que c’est un chef d’oeuvre si ce disque ne ressemblait pas autant à tout ce qui trainent déjà sur un Ipod …

( ♫) Modest Mouse – The Tortoise and the Tourist

Mathieu