Vendredi 10 mai, j’aime bien croiser Philippe Dumez lors d’un concert parce que j’ai presque toujours droit à un « Bonjour jeune homme ». Ce soir nous papotons aux Voutes en attendant le début de la soirée organisée par Maxime Guitton dans le cadre de la parution du très beau disque « Your Victorian Breasts ». Je ne sais pas comment il a réussi à faire venir les Supreme Dicks mais je ne pouvais pas laisser passer un tel concert, et cela malgré un rhume qui rechigne à partir. Il y a aussi Arlt et Eric Chenaux pour compléter l’affiche de ce qui me semble être une très belle programmation.
( ♫) Eric Chenaux – Na Te Mislim
Sur scène, Eric Chenaux joue à l’homme-orchestre avec une guitare et de nombreuses pédales d’effet. Il chante d’une belle voix très douce et joue merveilleusement bien de sa vieille Gibson demi-caisse. Par contre quand il enchaine les solos sur sa guitare classique, j’accroche un peu moins, je crois que je manque de réceptivité quand ça devient plus démonstratif. Pourtant, quand il joue des pieds avec son SuperEgo d’Electro-Harmonix pour accompagner sa guitare d’un clavier, j’avoue être assez impressionné. Et puis je reste assez subjugué par la manière dont Eric Chenaux conclut son set avec une version très électrique de Na Te Mislim et quelques mots en a capella.
( ♫) Arlt – Le Ventre de la Baleine
Je me souviens bien de la dernière fois que j’ai vu Arlt, c’était au Palais de Tokyo, au milieu d’une installation, Death Of A King. Le lieu avait une réverbération naturelle assez étrange, et ce soir, aux Voutes, je les revois de nouveau dans un endroit à l’acoustique particulière. Je trouve les textes toujours aussi beaux, en particulier Le ventre de la baleine, titre que j’écoutais souvent au cours des trajets un peu chiants que je pouvais parfois prendre pour aller au boulot. Sur scène, Arlt se lance dans ce qu’il me semble être de vrais moments de rock un peu free et je trouve ça très beau. Sing Sing descend de la petite scène pour les deux derniers titres. J’essaie de capturer cet instant par des photos mais il bouge bien l’animal et je suis un piètre photographe …
( ♫) Supreme Dicks – In A Sweet Song
Il est presque minuit quand les Supreme Dicks arrivent sur scène. On entend Jon Shere et Daniel Oxenberg qui jouent des mélodies dont la beauté se trouve dans l’approximation. Il y a beaucoup d’émotions dans leurs voix tristes et dans la superposition de phrases de guitares atonales. De temps en temps, Jim Spring joue aussi d’étranges drones avec un clavier vert plein d’effets de modulations. Je reconnais quelques titres de « The Unexamined Life ». A un moment, ils jouent In A Sweet Song et je trouve ça magnifique. Puis il y a celle qui fait référence à mai 68 dont j’ai oublié le titre et qui me laisse presque sans voix, avec une sorte de tristesse mélancolique qui va avoir du mal à partir. La fin de la soirée fut étrange et quand je remonte l’escalier des Voutes je me dis que je ne vais pas revoir de sitôt un tel groupe …
( ♫) Supreme Dicks – Le morceau qui fait référence à mai 68 dont j’ai oublié le titre
Texte, photos et bootlegs (effaçables sur demande) par Mathieu Gandin
Tu as oublié de dire que Jim Spring s’est aussi enfilé une banane en plein morceau, dans une simplicité confondante. Ha ces showmen américains, ils peuvent encore nous en apprendre. C’est une belle soirée même si certains ont pu trouver, mais ce n’est pas vraiment neuf, que les Supreme Dicks sur scène (ou sur album?), c’est un peu une escroquerie. Pour ma part, je les découvrais… et j’ai bien apprécié (donc, je n’en suis pas), et malgré les mises en place un rien cahotiques, il y avait toujours une entre deux, où la mayonnaise prennait, les deux guitaristes dialoguant en suspens. D’autre fois, en revanche, visiblement, il y avait…quelques confusions : ah bon, c’est pas ça les accords. Dans l’ensemble, c’était une très belle affiche. Bien apprécié ARLT aussi, avec la pointe de nervosité du live et le chant, comme suspendu et moyennageux, d’elle. Eric Chenaux m’a bien intrigué, avec son espèce de bourdon qui charpentait ses lignes mélodiques et harmoniques, et surtout son approche de la chanson folk
Je m’y attendais un peu pour le côté brouillon des Supreme Dicks. Mais en même temps ça fait partie du groupe 🙂
Je suis reparti avec un CD d’Eric Chenaux d’ailleurs, j’étais un peu intrigué par son concert, même si je le trouvais un peu trop démonstratif par moment.