J’aime bien me rappeler qu’il y a toujours des groupes comme The Ex. Une vingtaine d’albums, presque autant d’EP, l’inspiration toujours remise en question comme un ultime geste punk, le genre de groupe qui avance coûte que coûte. Une référence qui a collaboré avec quelques pointures du rock noisy, je me souviens encore de leurs virées hardcores avec Sonic Youth et Tortoise dans le cadre du projet In The Fishtank, une tension forte et des rencontres musicales plutôt réussies.
Alors que fait-on après plus de trente ans de bons et loyaux services et pas loin de 1500 concerts ? On fait de nouveau appel à Steve Albini ; les enregistrements sont précis, joués live, on ressort les Fender Telecaster, les guitares barytones (j’aimerais bien essayé ça un jour … ), on joue des petits riffs répétitifs, avec un son saturé, parfois syncopé, parfois totalement distordu, le chant est calme mais tendu avec la gorge se crispe quelques fois. On continue, encore et encore, avec un titre comme Keep On Walking, qui résume assez bien la carrière de The Ex, entre hardcore et improvisations noisy.
Et puis on continue de s’ouvrir vers d’autres influences, on invite des trompettes sur Maybe I Was A Pilot et Cold Weather Is Back, on reprend Eoleyo, un chant Ethiopien trouvé par hasard à Addis Abeba sur une cassette de Mahmoud Ahmed. Le métissage et la colère comme éthique, la musique de The Ex reste politique, peut être moins qu’à ses débuts, quand le groupe soutenait la guérilla au Salvadaor, mais son engagement est toujours là.
J’aime bien me rappeler qu’il y a toujours des groupes comme The Ex. Je les vois bien continuer de jouer pendant encore des années, de salles de concert en squats, de collaborations en side-projects ; capable d’expédier avec urgence les cinq minutes de Tree Float, capable d’exécuter un Keep On Walking dont on voudrait que les riffs de guitare continuent encore et encore …
( ♫ ) The Ex – Keep On Walking
Par Mathieu
Encore un disque qu’on va partager ! J’ai déjà écrit dessus et je devrais publier sous une dizaine de jours. Après The Fall, Swans et Killing Joke, c’est mon quatrième pilier de l’année. En revanche tu ne dis rien sur le changement de chanteur, comment trouves-tu qu’il se débrouille ?
Ah oui avec The Fall, Swans et Killing Joke, on tient là une bonne série de punks persevérant. Et sinon, le changement de chanteur se passe pas trop mal je trouve …
Tu as d’autant plus raison de bien aimer te le rappeler qu’en même temps, c’est une piqure de rappel pour les autres. Je ne savais pas que cet album m’attendait! Et pourtant dieu sait si j’aime ce groupe et aspire à les revoir au plus tôt. Une telle droiture, c’est rare…
Je viens de m’en rendre compte aussi, le disque est sorti en septembre, en plein rush de la rentrée, je l’avais oublié …
Salut.
Merci Mathieu car je n’avais pas capté, parmis cette pléthore de sortie disques cette année, le dernier The Ex.
Au niveau collaboration, y’en a une que j’aime beaucoup : celle avec les punk de la chanson française alias Les Têtes Raides sur le disque “Fragile” de 2005, titre “De Kracht”. Très bon disque d’ailleurs qui marqua un retour vers le “rock” de leurs débuts (aux Têtes Raides bien-sûr).
D’accord avec vous Bejamin et Mathieu : The Fall et Swans (que je connais moins), les sombres héros du (post) punk, sont de véritables pilliers du rock “libre” et ils redonnent un sens au terme “rock indépendant” !!
“Your future our cluture” (peut-être leur meilleur album) et “My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky” sont de ceux qui figureront en bonne place de mon best-of de fin d’année, et de pas mal d’autres je pense !!!
Comme quoi, Punk are not dead (but bien raide)…..A + +
Ils seront en concert au Café de la Danse le 16 Novembre ! A vos agenda …
ah The Ex, toujours un peu déçu sur disque quand même par rapport aux concerts complètement jouissifs qu’ils donnent.
dans le même genre, les NoMeansNo sont de ressortie.
Je suis un (vieux?) fan du groupe. J’en partage l’engagement et la philosophie musicale. Et de ce dernier point de vue, je ne serai pas du tout du même avis que les posts précédents : ce dernier album est un mauvais album, sans richesse mélodique (pensez à par exemple à Dizzy Spells ou à Scabbling at the Lock), sans fougue expérimentale (comme dans Blueprints for a black out, Too many cowboys ou Instant) et sans relief au chant (et même la grande Katherina nous sert à la batterie un jeu convenu et ennuyeux). On retrouve d’ailleurs un “ton” très punk, comme au début, dans les deux premiers albums, juste avant le génial Dignity of labor. Ce dernier album c’est une involution, c’est du The Ex qui aurait jeté par dessus -bord son histoire, faite de rencontres jazzy et noisy, d’impros sauvages, et de sprechgezang activiste. Un disque à oublier et dont on espère qu’il n’est pas la clôture d’un grand cycle de la musique libre.