J’avance dans la campagne anglaise au volant de mon Austin Healey 3000 rouge. J’allume la radio, elle diffuse un programme futuriste. Le synthétiseur oscille doucement à mesure que j’approche du parc de l’exposition universelle. Nous sommes en 1959 et le programme spatial a été relancé. Nous devons repartir dans l’espace aujourd’hui et je ne raterai ça pour rien au monde. La musique continue avec ses rythmiques répétitives et ma voiture commence a faire un bruit étrange. Je crois que je suis en train de tomber en panne, le prix de l’essence a soudainement augmenté, sans que l’on sache pourquoi. Je rate le décollage. Le gigantesque aéronef part retrouver nos vieilles colonies martiennes, abandonnées depuis la fin du 19eme siècle. Je reste là, ailleurs. Je rate l’essentiel, une fois de plus. Quand la voix déformée par je ne sais quel filtre se met à chanter, j’espère secrètement que cette crise ne sera que passagère …

( ♫) Death And Vanilla – Arcana

Quelques années après leur premier disque et un EP, Death And Vanilla revient avec « To Where the Wild Things Are » dont les dix titres évoquent une sorte de futur nostalgique que l’on a pu ressentir dans sa jeunesse, à imaginer des voitures volantes en l’an 2000 tout en écoutant des programmes musicaux tournés vers l’avenir. L’album me procure ce léger effet hypnotique que l’on peut avoir à force d’écouter des claviers monophoniques, des guitares claires-obscures et des voix doucement rêveuses. Mais il y a aussi comme une dimension poétique différente de ce que l’on peut entendre du côté de compositions d’inspiration motorik. Par moment, je ne suis pas très sûr où cette musique va, mais elle pourrait faire une excellente alternative à la bande son du « Berberian Sound Studio » …

( ♫) Death And Vanilla – Time Travel

Mathieu