Je m’approche de la salle et j’entends déjà le son de la basse. Je ressens les vibrations de la batterie alors que j’attends avec impatience dans la file d’attente. Je perçois quelques riffs distordus et lointains au moment où je présente mon billet et mon sac au videur qui garde l’entrée. A l’intérieur, le couloir est plutôt sale, ça sent la bière et le vieux tabac froid, trois personnes sont allongés, la tête qui baigne dans une énorme flaque de vomi, il me semble que l’un d’eux s’est pissé et chié dessus. J’entends le chanteur qui hurle dans le micro et on me bouscule pour aller au bar. Je commande une pinte de bière en partie coupée à l’eau. Le stand merch n’est pas très bien rangé et les prix sont écrits à la main sur un petit papier. Le volume sonore est maintenant extrêmement élevé et personne ne m’entend quand je demande combien coûte le t-shirt du groupe. Epuisé, en sueur, acouphénique, le regard fixe vers le plafond, j’arrive enfin dans la salle.
Sur la scène, quatre chevelus s’épuisent à jouer le plus de bruits cosmiques possibles, avec pour ambition de plonger chaque spectateurs dans une sorte de transe décérébrée et radicale où se mélangeraient le coup de coude, une pastille d’acide qui se dilue sur la langue et des hurlements poussés comme jamais. Je reste au fond de la salle, du côté de l’ingénieur son. J’essaie de finir ma bière mais il y a des gouttes d’humidité qui sont en train de tomber dedans. Une bagarre est en train de démarrer au premier rang et le bassiste est en train de jeter un peu d’huile sur le feu en filant des coups de pieds dans la foule. Les murs tremblent et le concert est en train de se transformer en émeute générale. Le musiciens ont démarré un feu avec leurs guitares, il n’y a plus que des rythmiques tribales et de long cris grotesques. Quelqu’un est en train de se faire fracasser le crâne par terre. Les amplis s’écroulent. La lumière s’éteint. J’entends des sirènes de police. Nous sortons tous de la salle en courant. Dehors, j’ai toujours mon verre à la main et je me demande ce qu’ils ont bien pu mettre dans la bière ce soir pour que la musique des Comets on Fire soit aussi réussie.
( ♫ ) Comets on Fire – Return To Heaven
Mathieu