Ces derniers temps mon sommeil est parfois émaillé de rêves fuguasses et lumineux dont les éclats électriques semblent provenir de l’écoute lente et répétée du nouvel album de Yeti Lane, fort justement intitulé « L’Aurore ». Je n’arrive pas à savoir si ces huit morceaux sont un hommage au film de Murnau, mais il y a dans ces compositions suffisamment de pulsations répétitives et de mélodies furieusement distordues pour accompagner ces étranges images symboliques et expressionnistes. L’écoute prolongée d’Acide Amer n’est pas sans m’évoquer le soleil qui se lève tranquillement les jours de matins mélancoliques où il ne faudrait rien faire d’autre que de rester allongé, les oreilles perdues dans un labyrinthe de guitares délicieusement hurlantes et de synthétiseurs psychédéliques dont il ne faudrait jamais sortir.
Par moment on y entend une voix déformée qui essaie tant bien que mal de surnager au milieu de ce groove étrangement cosmique. Les paroles semblent être en français, ce qui ne gâche rien, bien au contraire, elles ne sont là que pour accentuer un peu plus les effets de cette musique retentissante qui chercherait, à sa manière, une façon de refaire l’histoire d’un monde perdu et désespérément caché. La musique de Yeti Lane m’accompagne beaucoup depuis déjà quelques jours et la fuzz que l’on entend sur quasiment tous les morceaux se révèle à l’usage un tel rempart contre les tracasseries du quotidien qu’il faudra que je fasse attention à ce qu’elle ne devienne pas follement addictive. Le vinyle est disponible depuis le 4 mars, il est indéniable que c’est le genre de disque que l’on écoute toute la soirée, une face après l’autre et ainsi de suite.
( ♫ ) Yeti Lane – Acide Amer
Mathieu