Au début on entend un long bourdonnement de guitares électriques, elles résonnent comme ça pendant deux bonnes minutes avec des nappes saturées promptes à réveiller quelques acouphènes encore bien endormis. Une succession d’ambiances distordues se succèdent sous une forme de bruits assez chaotique : arpèges répétitifs, patterns rythmiques gavés de delay et boucles de feedback. Ca reste comme suspendu pendant quatre bonnes minutes avant qu’une basse prognathe ne se réveille pour faire décoller le morceau. Des bandes s’empilent pour explorer quelques fréquences graves dont l’écoute à fort volume pourrait réactiver une longue secousse sismique. La suite alterne drones et boites à rythmes sombres qui, il faut bien le reconnaître, ont provoqués chez moi un étrange sentiment de léthargie.
Le groupe s’appelle Boobs of Doom et le nom pourrait presque faire rire si cette musique n’évoquait pas ce sentiment de peur et d’abandon que l’on éprouve en longeant un vieux terrain vague abandonné, perdu en plein milieu d’une zone industrielle, où des hangars pourrissent doucement à cause de la pluie et de la rouille. Du moins c’est l’impression que j’en ai en écoutant l’intégralité de « 07. (((White Noise))) » – Pas loin d’être le meilleur titre d’album qui soit sorti cette année – assis devant mon ordinateur, un casque sur les oreilles, m’isolant du reste du monde, y compris de cette satanée pluie qui s’abat sur la fenêtre. Leur musique peut se télécharger en « name your price » sur Bandcamp mais on peut aussi repartir avec un T-shirt en plus contre une poignée d’euros, ce qui n’est pas rien vu l’immense pouvoir hypnotique de ce disque.
( ♫) Boobs of Doom – Know Yr Place, Stupit Hyoomaan!
Mathieu
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