J’émerge vaguement au petit matin. Je suis assis au fond d’un bus et je ne sais toujours pas si c’est le premier ou le dernier de la journée. Une pluie légère tombe sur les vieux paysages industriels. On roule dans un environnement vaguement urbain et quelques ouvriers partent travailler. Je ressens comme un léger décalage avec reste du monde, tout défile devant moi au ralenti et j’entends cette musique faite d’infra-basses lointaines et de blips sortis de je-ne-sais quels algorithmes développés avec un obscur langage de programmation fonctionnelle. Une impression de solitude totale, c’est ce que je ressens parfois en écoutant « Ultra », le nouveau disque de Zomby – à ne pas confondre avec Zombi et Zombie Zombie – qui, sans se renouveler, signe là une poignée de morceaux qui accompagnent plutôt bien certains moments anodins de notre vie.
Les patterns rythmiques donnent l’impression de voir se dessiner devant nous des fractales aux formes floconneuses. Les synthétiseurs semblent bloqués sur des mélodies construites à partir d’une multiplication de micro-tonalités. Les ambiances sombres dessinent des architectures propices à l’autarcie généralisée. Quand on entend parfois des voix, on a soudainement l’impression de voir passer un fantôme sorti d’un terrain vague où se construit devant nos yeux une portion dduun futur qui ne nous sera malheureusement pas accessible. Toujours est-il que E.S.P 05.I est le titre à écouter la nuit en attendant le concassage des machines.
( ♫) Zomby – E.S.P 05.1
Mathieu