Et puis je me suis retrouvé seul dans l’appartement sans trop savoir pourquoi. Je ne me rappelle plus quand c’est arrivé la dernière fois. Dehors, le vent souffle lentement dans les arbres. Au milieu du salon, la guitare est réglée sur un accordage ouvert, probablement un open de do. Peut être que le temps et les différents changements de température ont détendu les cordes. Il est temps de jouer un accord, puis deux, seul dans le salon, perdu dans cette distorsion à la fois cotonneuse et confortable. L’intention est à la répétition mais progressivement chaque note n’est plus exactement la même. Le bruit aide à faire passer cette colère. Il n’empêche, cette musique me semble comme un antidote à quelque chose dont je ne saurais pas trop décrire.
Nadja – le duo formé par Leah Buckareff et Aidan Baker, à qui on doit déjà une bonne vingtaine de disques dont le pouvoir de fascination ne cesse de croitre au fur et à mesure de leurs écoutes – revient avec quatre titres sur le bien nommé « The Stone is not Hit by the Sun, Nor Carved With a Knife » dont les atmosphères me procurent comme une sorte de détachement proche de l’hypnose. On y entend de longues phrases mélodiques dont la mélancolie se perd progressivement dans un grand brouillard qui se déploie sur de longues nappes atmosphériques. Les voix et les rythmiques électroniques plongent dans la noirceur des lignes de guitares et de basses pour donner une étrange impression d’énergie désarticulée et mystérieuse. Quoi de mieux à écouter en ce moment ?
( ♫) Nadja – The Knife
Mathieu