Grouper – Paradise Valley

Sur la route qui mène au travail alors que le soleil n’a pas encore fini de se lever, les gens courent, marchent précipitamment et se heurtent parfois. Ca pourrait être un problème mais finalement non, ce n’est pas grave, la musique devient soudainement une sorte de bulle dans laquelle il fait bon s’abriter, même si notre regard s’aventure encore sur le monde extérieur sans toutefois prêter attention à l’angoisse qui se joue devant nous. Cela dure cinq minutes et cinq secondes. Un long silence s’installe, on entend des accords de guitare et une voix fantomatique qui traversent le spectre sonore. Je marche dans le parc, la musique se termine sur des notes qui résonnent pendant presque une trentaine de secondes et le soleil se lève enfin.

Des souvenirs sont revenus, en particulier ce concert il y a deux ans environ à la Philharmonie. Liz Harris assise en tailleur avec une guitare et une table de mixage. C’était très beau, c’était émouvant et à la réécoute on s’y croirait, on se rend même compte, avec un étrange effet de retard, qu’on y était. J’avais un peu perdu le fil de la musique de Grouper quand elle a sorti “Ruins” (Sûrement parce que j’ai un peu moins préféré quand elle joue du piano) et j’avoue que le retour de la guitare sur l’EP “Paradise Valley” est indéniablement l’une des plus belles choses à entendre en ce moment. C’est captivant de simplicité, et pourtant, on pourrait facilement s’y perdre, pendant des jours entiers, à essayer de reconstituer une carte, même simplifiée, de ces compositions détachées.

( ♫) Grouper – Headache

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