L’autre jour, j’ai réécouté le dernier album des Feelies. Sur la première face – plutôt solaire – du vinyle on y entend surtout des titres acoustiques, les guitares folk sont de rigueur, les lignes mélodiques sont printanières, ça donne envie de se retrouver dans cette vieille maison paisible à la campagne. On s’assoie sur une chaise dans le jardin, on fume quelques cigarettes tout en descendant deux ou trois bières. La journée est calme et on en demandait pas tant en émergeant au petit matin. Quand le ciel se couvre d’une légère pénombre, on se dit qu’on apprécie de plus en plus cette humeur tranquille, ce sentiment agréable de se voir vieillir doucement sans pour autant virer au vinaigre. Et pourtant, sous son calme apparent, cette musique n’en demeure pas moins nerveuse.
Sur la seconde face – plutôt nocturne – du vinyle, l’électricité revient, elle est accompagnée d’une étrange flûte, les riffs sont répétitifs, les basses tournent en rond et la batterie semble contenir un étrange vertige. A la fin on tombe à genou en écoutant neuf minutes et vingt-trois secondes de sonorités évoquant à la fois la jeunesse sonique, les matrices Velvetiennes, les amoureux modernes et les rythmes fous. Outre la puissance des guitares électriques – elles imposent leurs présence sans en faire trop – j’avoue m’être retrouvé plusieurs fois captivé par cette basse qui part dans tous les sens, naviguant du la au mi avec une certaine vélocité lors des cinq dernière minutes. La nuit est bien avancée et j’ai cet acouphène qui se réveille légèrement sous l’assaut répété de cette power-pop distordue.
( ♫) The Feelies – In Between (Reprise)
Mathieu