Wire et Blackmail à la Maroquinerie

Vendredi 12 mai, je rate le concert de Teknomom pour boire tranquillement un whisky avec un vieil ami au bar de la Maroquinerie, en gardant l’espoir que le précieux breuvage fasse partir cette vieille toux qui traine depuis des mois, au point de ne plus avoir envie de voir un concert ces derniers temps. Fort heureusement, les synthétiseurs défoncés de Blackmail sont là pour nous botter le cul avec ces rythmiques répétitives et violentes tout en évoquant la noirceur du temps perdu dans son vingt-cinq mètres carré en banlieue avant une promenade de vingt-sept minutes sur le périphérique. Du moins, c’est l’image qui me vient à l’écoute de cette musique froide – en français dans le texte – qui m’évoque parfois la pauvreté, le malheur et la mort. J’aime bien et je hoche la tête pendant que le public au premier rang préfère, à raison, danser sans arrière pensée dans la chaleur de la salle.

( ♫) Blackmail – Weekend Facile (Live)

 

Cela fait bien six ans que je n’avais pas vu Wire sur scène – c’était au Point Ephémère pour défendre « Red Barked Tree » – et c’est avec un mélange de curiosité et de doute que j’attends leur prestation, que faire avec quarante ans de carrière ? Et bien le groupe s’en sort plutôt bien, malgré une petite phase d’échauffement sur les premiers morceaux. Après un très beau Ahead parfaitement exécuté en ouverture, on navigue entre des titres issus de « Silver / Lead » et « Change Becomes Us » – qui trouvent ici une patine un peu plus brut – et d’autres plus anciens comme ce Three Girls Rhumba nostalgique juste comme il faut. En étant poussé par l’électricité dissonante de Matthew Simms, Colin Newman, Graham Lewis et Robert Gotobed demeurent ce groupe de pop savante résolument ancré dans le présent. En rappel, Silver / Lead semble un peu perdu sans ses arrangements classieux, mais je ne peux m’empêcher d’y voir là une belle célébration du bruit avec cette basse mélodique, ces guitare déstructuré, ce chant nasillard et cette rythmique hypnotique.

( ♫) Wire – Silver / Lead (Live)

Texte, enregistrements qui saturent et mauvaises photos par Mathieu Gandin

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