Il y a l’étrangeté d’un samedi après-midi où je me suis retrouvé exceptionnellement dans la situation de devoir aller travailler, et il y a aussi les dernières réserves d’énergies qui vous poussent à repartir pour voir un concert. Le lieu se trouve dans une sorte de cave perdue juste à côté de la place Sainte Opportune, il faut descendre plusieurs escaliers avant de trouver la scène du Klub. Le groupe en tête d’affiche promet une sacré dose d’électricité – les belges d’It It Anita savent y faire en matière de morceaux punks et distordus – en attendant on se permet de trainer en écoutant la première partie. La formule a beau être connue d’avance – power-trio guitare, basse et batterie et compositions math/post-rock pour résumer rapidement – Lysistrata n’a eu absolument aucune difficulté pour mettre tout le monde d’accord en distribuant quelques bourre-pifs en bonne et due forme. Le boucan qu’ils ont fait ce soir là a été pour mes oreilles le plus précieux des sons.
Un an plus tard le trio a fait du chemin et leur nouvel EP, « Pale Blue Skin », sonne comme le truc le plus enthousiasmant qu’il m’ait été donné d’écouter depuis quelques temps. J’avoue avoir une préférence pour le morceau Sugar & Anxiety dont la construction en mille feuilles donne l’impression d’entendre en accéléré le meilleur du rock des années 90 : post-rock nerveux, guitare saturés qui vous vrillent les tympans, basses qui foncent à toute vitesse, batterie puissante et voix qui hurlent – non sans évoquer l’intro du Popular de Nada Surf (on a les groupes de rock que l’on mérite pour ses vingts ans) – pour réveiller nos acouphènes. Les trois de Lysistrata font de la musique avec une telle énergie que l’on danserait sans remords avec eux.
( ♫) Lysistrata – Sugar & Anxiety
Mathieu