Est-ce une réminiscence de la dernière soirée ou bien une apparition fantomatique ? C’est du moins l’impression que j’ai ressentie en sortant du bus sous la pluie à six heure du matin. C’était le moment où ceux qui rentrent de soirée et ceux qui partent au travail peuvent enfin se rencontrer. Un instant d’isolation où je reste avec le casque sur les oreilles. La basse est répétitive et les rythmiques austères. Assis dans le bus, je distingue quelques formes orange ou rouge sous les gouttes qui s’amoncellent sur la vitre du bus. Mon esprit se perd entre les différents spectres modulés par les machines et la house primitive imaginée par Ralph Cumbers, le cerveau qui se cache derrière Bass Clef.
On est comme coincé dans un paradoxe. La musique de Bass Clef n’est pas aussi folle que de la trance à 120 bpm ni aussi cérébrale que de l’IDM où l’on aurait recodé tous les patchs avec un langage informatique conçu par un développeur hystérique. Et pourtant on a envie d’y rester, d’y revenir même. Tout se passerait comme si les tracks de Bass Clef tissaient progressivement une sorte de biais cognitif, une forme d’hypnose que l’on ne saurait décrire précisément. Dès les premières mesures d’Interform, le synthétiseur vient s’installer dans l’un des recoins perdus de notre cerveau. Plus que de la simple house, Interform et Untunnel écrivent un paradigme pour la vie courante, une sorte d’algèbre du quotidien.
Mathieu