Dimanche 20 août, je remonte la rue de Charonne pour rejoindre la Mécanique Ondulatoire. Cette salle me semble parfaite pour accueillir un type aussi improbable que Ben Wallers, qui après avoir fait pas mal de bruit avec Country Teasers officie dorénavant en solo avec The Rebel. C’est à l’australien Nathan Roche – à qui l’on doit déjà l’immense Villejuif Underground – d’ouvrir la soirée avec un set résolument bruitiste de l’un de ses multiples side-projects, Cia Debutante. J’entends déjà quelques infrabasses puissantes dans les escaliers qui mènent à la petite salle de concert. Arrivé devant la scène, mes tympans subissent un pilonnage en bonne et due forme par un synthétiseur modulaire particulièrement agressif. Je prends quelques photos pendant que la boite à rythme déchaine toute sa violence sur le public. J’enregistre un passage pendant que Nathan Roche fait sortir quelques sons distordus de sa guitare tout en déclamant je-ne-sais-quels textes hallucinants et chaotiques. La performance s’arrête soudainement et une question demeure, combien me faudra de bière pour me remettre de ça ?
( ♫) Cia Debutante (Live)
Les deux guitaristes et le batteur de Spray Paint font déjà beaucoup de bruit quand je rejoins la salle alors qu’il finissent tranquillement leur sound-check. Mais ce n’est rien comparé à ce qui va venir. Leur set est une succession de morceaux qui vous prennent immédiatement à la gorge. Les riffs sont anguleux, joués sur des guitares étrangement accordées, elles semblent avoir pour unique but de vous écorcher les oreilles avec du fil de fer barbelé plein de rouille. La batterie n’est pas en reste, Chris Stephenson cogne méthodiquement sur ses fûts avec la ferveur d’un mitrailleur en première ligne. Cory Plump et George Dishner hurlent sur leurs micros dans la plus belle tradition punk hardcore. Plus qu’un antidote contre certains groupes devenus trop clinquants, ce déluge d’électricité à l’état pur est l’un des plus intenses que j’ai pu voir depuis longtemps.
( ♫) Spray Paint (Live)
Il y a cinq ans, j’ai pu voir Ben Wallers au festival BBMix. Il portait un treillis, il était armé de sa guitare verte et de son synthé un peu pourri. Par moment il me donnait l’impression d’être une version solo et lo-fi de Big Black. Ce soir il porte un bermuda, un bob sur sa tête, et son maquillage façon barbouillage ressemble à une version déglinguée de Hunter S. Thompson. J’ai pu écouter son nouvel album qui sort sur l’excellent label Monofonus Press et les titres qu’il joue ce soir semblent s’approcher de ses dernières compositions. Un coup il y a de la boite à rythme, un coup il est tout seul avec sa guitare électrique et dans tous les cas, ça avance sur le fil du rasoir. Les textes jouent sur cette provocation punk qui n’est pas sans provoquer un léger malaise. Avec l’énergie du désespoir, Ben Wallers fait tout pour que sa musique joue contre lui.
( ♫) The Rebel (Live)
Texte, enregistrements et mauvaises photos par Mathieu Gandin