La musique de Lee Buford et Chip King n’est que rage et frustration qui se déversent violemment dans nos oreilles en quête de rédemption sonore. On y entend des boites à rythme martiales, des synthétiseurs aux bleeps saturés, des batteries d’une rare violence qui vous écrasent soudainement les tympans, des guitares électriques dont le flux de distorsion semble inarrêtable pendant que les hurlements déformés de The Body pousse l’horreur encore plus loin. La voix de la chanteuse Chrissy Wolpert revient hanter certains morceaux en s’inscrivant au cœur de leurs mixes, l’émotion est à fleur de peau, elle est parfois accompagnée d’un piano qui surnage du déluge sonore produit par le duo. L’endurance auditive est de mise pour ces compositions bruitistes qui se révèlent bien évidement fascinantes.
Une écoute rapide des titres de « I Have Fought Against It, But I Cant’ Any Longer », le dernier album de The Body, se révèle une fois de plus une plongée dans la dépression qui saura indéniablement rebuter les âmes les plus sensibles, jugez plutôt : Can Cary No Weight, Partly Alive, Nothing Stirs, ... S’il fallait en choisir un parmi tous les autres je crois que je garderais Sickly Heart Of Sand. Il s’impose comme une sorte d’apothéose cathartique de tous les extrêmes. Le groupe semble pris dans un immense supplément de rage absolument terrifiant. On y ressort épuisé, la colère au ventre avant de sentir comme un sentiment de plénitude, comme si nous avions crié plus librement que jamais avant de reprendre calmement le cours de nos vies.
( ♫) The Body – Sickly Heat Of Sand
Mathieu