Je me souviens encore du bien fou que procura l’écoute de « From Beale Street to Oblivion » de Clutch il y a un dizaine d’années. Le blues marécageux de Electric Worry – qui doit beaucoup à Mississipi Fred McDowell – fit l’effet d’un indispensable café face à la fatigue qui battait son plein et aujourd’hui encore, alors que le groupe de Neil Fallon est de retour avec le bien nommé « Book of Bad Decisions », ces guitares sont toujours promptes à réanimer les plus morts d’entres-nous. On y entend du blues, du stoner-rock, des cuivres légèrement funky sur In Walks Barbarella, beaucoup de fuzz, que ce soit du côté de la basse ou des guitares, dont les riffs, forcément sabbathiens, demeurent l’une des plus belles choses à écouter en ce début d’automne.
L’album est copieux, quinze titres que l’on écoute tranquillement dans le salon, avec un bon whisky de préférence, comme pour retrouver un peu de chaleur, de celle où le soleil de plomb n’empêche pas le vent de souffler légèrement, faisant ainsi grincer le sable sur le bois du ranch. Une vision de l’Amérique que l’on se surprend à imaginer entre deux titres alors que How To Shake Hands essaie de nous faire oublier l’affreux mandat de Donald Trump sur le ton de la bonne blague qui fait rire jaune (« Put Jimi Hendrix On The 20 Dollar Bill / And Bill Hicks on A Five Note »). Mais j’avoue avoir une petite faveur pour Book Of Bad Decisions dont l’improbable boogie semble bien partie pour hanter les recoins boueux de mon cerveau.