Oruã est un power-trio de rock psychédélique brésilien que j’ai eu la chance de découvrir il y a deux semaines en première partie de Built To Spill (c’était à la Maroquinerie). Je suis hélas arrivé vers la fin de leur set, mais sur la foi de deux ultimes morceaux, je fais l’acquisition de « Tudo Posso », leur dernier EP sorti au courant du mois d’avril, permettant ainsi à ces nappes lysergiques d’exister un peu plus longtemps dans mon salon. Si dans un premier temps le groupe s’amuse avec les effets du genre – un riff de basse en béton armé, une ligne rythmique répétitive jusqu’à l’hypnose et des phrases de guitare qui se désagrègent progressivement grâce à de multiples effets de delay – c’est pour mieux se projeter dans une vague de sons cosmiques puissamment enfumés. On y entend par moment un saxophone et des K7 lo-fi samplées jusqu’à plus soif. Jugez plutôt, les effets opiacés que procure Prece Alafim se font encore ressentir avec force après de multiples écoutes.
( ♫) Oruã – Prece Alafim
Sur Cruz Das Almas BA le trio calme un peu le jeu et tire ses compositions vers l’ambiant. Les guitares semblent se perdre dans l’immensité du cosmos. La batterie est bien partie pour se désintégrer progressivement. La basse continue de tenir le cap, inlassablement. Sur Escola de Arte Moderna le saxophone joue dans l’improvisation totalement free. Voilà quelques insondables fréquences qui semblent avoir été jouées avec l’intime conviction de retrouver le chaos de L.A Blues et plus j’écoute ce disque, plus je me dis qu’il contient tous les éléments de style que j’ai envie d’écouter dans cette musique. Il faut dire que l’on a rarement la chance de découvrir un power-trio comme Oruã lors d’une première partie, surtout quand deux de ses musiciens sont allés jouer avec Doug Martsch pour l’intégralité du concert de Built To Spill.
Mathieu