Nous sommes le jeudi 6 février et j’ai vu le cosmos lorsque le soleil s’est couché. J’ai écouté les cordes pincées sur la guitare en bois et j’ai vu de longs mandalas se dessiner doucement dans le soleil. Mes yeux se sont mis à briller et je me suis imaginé en train de prendre un verre au milieu de cette minuscule salle de concert. A moins que Ben Chasny soit en train de jouer dans mon salon, je ne sais plus trop. J’ai entendu les riffs électriques et psychédéliques, ils se dilataient progressivement dans les derniers rhizomes de mon cerveau et à un moment, je ne sais plus trop quand d’ailleurs, j’ai lâché prise, j’ai perdu contrôle. Comme toujours chez Ben Chasny, la musique prend des détours et touche au sublime.
Depuis quelques jours je m’aventure dans les mélopées chamaniques que l’on peut entendre sur le nouvel album de Six Organs Of Admittance. Le finger-picking est généreux, répétitif jusqu’à l’hypnose, enthousiaste dans sa manière de convoquer le blues et le folk ruraux dans une sorte de rite païens improvisé en arcanes majeurs. Les harmoniques qui transparaissent dans le jeu de Ben Chasny se propagent dans nos oreilles avec une intense vélocité avant de laisser place à un ensemble de riffs psychédéliques et de bourdonnements distordues qui nous propulsent à jamais aux confins de l’espace.
Et puis, parce qu’il faut bien redescendre, il ne nous reste plus qu’à choisir un titre parmi les neuf chefs d’oeuvre que l’on peut entendre sur « Companion Rises ». Faut-il s’arrêter sur les étranges synthétiseurs de Pacific, lâchés en ouverture du disque ? Y a-t-il dans les percussions tribales de Black Tea comme une convocation spectrale ? La guitare électrique de Two Forms Moving cherche-t-elle à invoquer les esprits de Derek Bailey et Robert Fripp ? Sur Haunted and Known, Ben Chasny semble avoir trouvé un temps qui lui appartient et il ne nous reste plus qu’à l’écouter, encore et encore.
( ♫) Six Organs Of Admittance – Haunted And Known
Mathieu