Retour de vacances et je me sens déjà dépaysé par la rentrée. Je laisse encore trainer dans le salon le blues méditatif de Jon Hassell et une fine pluie s’abat sur la ville. J’absorbe les sons de Fearless, en particulier cette basse répétitive. Une basse que Holger Czukay n’aurait pas reniée. Les phrases lointaines de trompette semblent s’évanouir dans la nuit et je retrouve dans ma discothèque une réédition officieuse de « Dream House 78′ 17” » de La Monte Young où Jon Hassell pose une belle pierre dans cette édifice sonore qu’est la musique ambiante. Et puis, sans prévenir, cette musique disparaît comme si elle n’avait jamais existé.
« Seeing Through Sound » est la suite logique de « Listening to Pictures ». Les sons produisent des images mentales. Les images créent de la dissonance. Du jazz spatial qui se diffuse au ralenti. Des instrumentations électroniques qui produisent des blips-blips reposants. De la science-fiction fabriquée dans un studio. Tout ça et pleins d’autres micro-détails sonores qui vous restent en mémoire pour la fin des temps. Une nouvelle note et c’est déjà le silence. On rangera l’album avec regret, mais ce sera pour un autre moment. Là, il est temps de remettre la première face sur le tourne-disque.
Un dernier titre avant que tout s’arrête. Timeless, huit minutes et vingt secondes qui finissent par vous hypnotiser avec son clavier perdu au milieu du mix. Il émerge doucement au milieu d’étranges nappes sonores et de bruits cliquetants. C’est le petit matin. La ville se lève. La musique de Jon Hassell s’imprègne doucement dans nos souvenirs, jusqu’au moment où il ne reste plus que le silence à écouter.
Mathieu