Nous sommes en plein milieu du dimanche après-midi et il pleut. Il n’y a pas grand chose à faire dehors. Un nuage gris plonge le salon dans une ambiance clair-obscure. Nicolas Krgovich entonne un « I Don’t See The Moon / I Don’t See The Moon » et on entend au loin des notes légèrement jazzy. Le piano est vaporeux. Quand la guitare revient dans le mix elle se permet quelques lancées versatiles. La basse tient le morceau avec un groove tranquille. Les cuivres nous jouent leurs mélodies en bleu. On reprend une tasse de thé. Nous sommes au milieu du salon, il y a des livres à lire, quelques jeux pour s’occuper et laisser le temps s’écouler lentement jusqu’aux derniers silences.
Avec « Philadelphia », Nicholas Krgovich, Joseph Shabason et Chris Harris ont composé le disque pour lequel on se satisfait de peu. Une quête du New Age minimaliste où chaque détail constitue un refuge sonore pour soi, pour pleinement écouter. Le disque s’est construit lentement. Il y a eu des échanges de démos au cours de l’année 2018 et finalement quelques sessions d’enregistrement à trois durant l’automne 2019. Trois éléments de styles, d’orchestrations, un silence. Une musique faite hier alors que les jours, les mois et les années semblent disparaître à tout jamais.
Et puis il y a les huit minutes et quelques secondes de I Don’t See The Moon, musique parfaite pour le début de la soirée, chez soi, à 21 heure, avec une tisane avant d’aller au lit. Une boite à rythme comme une pulsation lente, un synthétiseur qui nous invite à l’introspection et ce feeling jazzy évoqué plus haut, comme une fin de journée où l’on se sera reposé à ne presque rien faire. Un spleen doux dans lequel je compte me confiner régulièrement dans les prochaines semaines, mois, années à venir.
( ♫) Shabason, Krgovich & Harris – I Don’t See The Moon
Mathieu