Arab Strap – As Days Get Dark

N’ayant pas encore atteint l’âge fatidique de 45 ans, je me suis demandé si je n’étais pas encore prêt pour écouter « As Days Get Dark », le nouveau disque d’Arab Strap. J’ai pris The Turning of Our Bones comme une observation de mes contemporains, de cette joie malgré l’âge, où l’on danse maladroitement sous une impulsion vaguement alcoolisée, sans vraiment se soucier de ce que pense les autres. Il y aurait tant à dire sur cette basse concoctée par Malcolm Middleton, mais j’aime bien l’idée qu’elle soit inspirée d’un obscure disque de post-punk. Et puis j’ai vu ceux qui tombent du lit avec Another Clockwork Day, gueule de bois que l’on ne peut plus supporter et douleurs qui se font plus sentir qu’avant. Les matins difficiles viennent avec cette guitare acoustique et la voix chargée de Aidan Moffat.

Dans la foulée de « As The Love Continue » qui a permis à Mogwai d’obtenir sa première place dans les charts en Angleterre, Arab Strap profite aussi d’un joli succès pour son retour avec « As Days Get Dark ». Pourtant, ces histoires désespérées sur fond de crise de la quarantaine ponctuées par la rupture et l’alcool auraient de quoi rebuter l’auditeur, mais ce serait passer à côté de l’immense talent de compositions des deux compères. Jugez plutôt, les boites à rythmes sont séductrices, les synthétiseurs sont ténébreux et les guitares soulignent ces chroniques du quotidien par quelques lignes mélodiques, le chorus est généreux par ici. Voilà un écran pop idéal pour ces histoires, que ce soit les contes campagnards de Fable Of The Urban Fox ou la rédemption avinée de I Was Once A Weak Man.

Titre après titre, « As Days Get Dark » s’impose comme un récit exceptionnel, une épopée protéiforme à la gloire de ces villes anglaises pleines d’humanité, où l’on finit ivre mort derrière un bar. Il faut enfin noter Sleeper, sa narration cruellement humaine, ses paysages étranges dont nous semblons soudainement tous originaires. Un immense morceau de bravoure qui démarre sur une arpège de guitare acoustique et se termine sur une orchestration sourde et glorieuse. A partir de là, vous comprendrez aisément pourquoi le retour d’Aidan Moffat et Malcolm Middleton s’impose déjà comme l’un des disques majeurs de cette année confiné.

( ♫) Arab Strap – Sleeper

Mathieu

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