Je ne sais plus trop comment, mais j’ai acheté le premier disque de Birds Of Maya, sobrement intitulé « Vol. 1 », il y une dizaine d’année. Et allez savoir pourquoi, ça m’a fait plaisir de le réécouter quand j’ai découvert, il y a un mois, que le power-trio formé par Mike Polizze, Jason Killinger et Ben Leaphart s’est reformé histoire d’occuper, un temps, les devants de la scène avec un « Valdez » encore plus psychédélique et gavé de fuzz que jamais. Si l’écoute de cette musique ne vous réveille pas d’un coup, ne vous fait pas lever directement de votre fauteuil pour sortir de chez vous, ne vous donne pas envie d’aller jouer de la basse avec un maximum de distorsion, alors il est fort probable que vous soyez en train de perdre toute forme de vie intrinsèque.
Accompagné de Ben Leaphart qui frappe sur les fûts de sa batterie avec une assise en béton armé et des lignes de basse de Jason Killinger qui écrasent nos oreilles en sonnant aussi lourdement qu’un mitrailleur en première ligne, Mike Polizze peut jouer à peu près n’importe quel note à la guitare sans que cela sonne hors de propos. Chaque riff, chaque solo, chaque improvisation, chaque accord passé au grain de la Big Muff ressemble à un immense point de chute où l’on viendrait se réfugier en cas de grosse fatigue, pour entendre à tout jamais ce genre de bruit dissonant en provenance de l’outre-espace. Pour le reste, je connais ce genre de musique par cœur, et soyez sûr que je reviendrai régulièrement vers ce genre de vacarme sursaturé.
Si l’enchainement de Busted Room avec Recessinater forme une sorte de morceau de bravoure qui en laissera plus d’un sur le carreau, alors les deux minutes et vingt-huit secondes de BFIOU constituent la quintessence même de ce type de musique. Une intro avec un gros riff sabbathien joué à la guitare, une basse qui aplati tout sur son passage et la batterie, là, qui cogne inlassablement. Puis le morceau part dans le chaos le plus total avant de s’arrêter comme il commence, sur une note qui grésille.
Mathieu